Affaire Tariq Ramadan : la notion d'emprise au cœur des débats devant la chambre de l'instruction
Le dossier Tariq Ramadan précurseur de l'ère #MeToo va-t-il se dégonfler ? Combien des accusatrices de l'islamologue auront, en définitive, droit à un procès en tant que parties civiles ? La justice se penche, vendredi 29 mars, sur cette question. Alors que les deux juges d'instruction avaient ordonné la mise en accusation de l'islamologue pour des soupçons de viol sur quatre femmes, le parquet général de Paris, au début du mois, a, de façon inattendue, demandé l'abandon des poursuites concernant trois d'entre elles. C'est désormais la chambre de l'instruction qui va en débattre à huis clos.
La seule plaignante pour laquelle le Parquet général a requis le renvoi de Tariq Ramadan est Christelle. Aux policiers, cette quinquagénaire handicapée a décrit des coups violents expliquant qu'il l'avait traînée par les cheveux, sodomisée de force, lui avait uriné dessus. Qualification retenue : viol sur personne vulnérable.
Au début de l'affaire, l'islamologue avait nié. Il assurait avoir jamais même rencontré ses accusatrices. Pour finalement reconnaître face aux preuves accumulées, des "relations de domination", rudes mais "consenties", la soumission, selon lui, y était un jeu.
173 pages de réquisitoire
Le réquisitoire de 173 pages interroge la portée juridique de la notion d'emprise, centrale dans ce dossier. Pour l'avocat général, c'est l'admiration de ces femmes pour l'islamologue qui est consubstantielle de l'emprise. Un concept qui n'est pas encore, à ce jour, un standard juridique de notre droit pénal ajoute-t-il. La défense se réjouit de telles conclusions.
Les trois accusatrices pour lesquelles l'abandon des poursuites est requis, elles, ne décolèrent pas. "Nous sommes dans l'incompréhension totale face à un exemple flagrant de justice parfaitement illisible", commente Laure Heinich, l'avocate de deux d'entre elles.
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