Pierre Torres, ex-otage, met en cause les services de l'antiterrorisme
L'ex-otage en Syrie s'estime trahi par les services antiterroristes français. Pierre Torres, libéré en avril dernier, après près d'un an de détention, ne répondrait plus à aucune convocations de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), affirme-t-il. Une réaction qui intervient un peu moins de deux semaines après les révélations sur Medhi Nemmouche, qui aurait été un des gôeliers des otages français en Syrie. Une information qui serait issue des dépositions des otages.
Et c'est bien le problème pour Pierre Torres. En juin 2014, quelques semaines seulement après sa libération, il était convoqué avec les autres otages au siège de la DGSI. La direction générale de la Sécurité intérieure était obsédée par une seule et unique question : Medhi Nemouche était-il leur geôlier à Alep ? Les otages disent ce qu’ils savent. La consigne est de ne pas dévoiler cette information, principalement pour ne pas mettre en danger les personnes toujours détenus en Syrie.
"Je considère qu'on a été trahi, d'une façon très inélégante en plus"
Mais le 7 septembre, l’information est donc dévoilée dans la presse. Un journaliste confirme. Des procès verbaux de ces fameux "debriefing" censés restés secrets circulent dans les rédactions. "Je considère qu'on a été trahi, d'une façon très inélégante en plus, puisqu'il y avait un moyen légal de le faire, qui était de démarrer un procédure et là ça a été fait d'une manière tout à fait illégale, souterraine, et moi j'ai pas envie de participer à ça ", explique Pierre Torres sur France Info. "Moi je pense que tant qu'il y a toujours des otages en vie, il faut faire le maximum, et que ce genre de choses peut interférer dans la négociations ", ajoute-t-il.
Le jeune photographe n’a plus confiance. "J'admets avoir commis une erreur en collaborant avec le service de police politique qu'est l'antiterrorisme. Cela va à l'opposé des positions et des combats que représente mon engagement de journaliste. Je m'en excuse auprès des familles de ceux que cette négligence a mis en danger ", indique-t-il au journal Le Monde .
Son frère jumeau, il faut le signaler, faisait partie des suspects de l’affaire Tarnac. Il avait refusé de donner son ADN à la SDAT, la sous-direction de la lutte antiterroriste.
Bernard Cazeneuve dément formellement
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a démenti ces informations, devant les députés, à l'occasion de l'examen du projet de loi sur la lutte contre le terrorisme. "La nécessité de protéger les otages encore détenus a déterminé la décision des services de renseignements de ne pas rendre public cette information. C'est le journal Le Monde qui a lui-même cru bon de divulguer cette information, alors même que chacun s'était abstenu à une absolue confidentialité ", a affirmé le ministre.
"Compte tenu de la monstruosité des actes commis et du martyre enduré par les journalistes et tous les otages, nous devons à l'opinion publique la vérité, la rigueur des faits et le refus de toute instrumentalisation ", a-t-il ajouté. "Les services ont été exemplaires et ont fait le travail qui leur incombait ", a insisté le ministre.
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