Procès de Monique Olivier : les experts se contredisent sur le QI et la personnalité de l'accusée

La question de l’intelligence de l’ex-femme de Michel Fourniret et son rôle dans le parcours criminel de son ex-compagnon étaient au centre des débats mardi.
Article rédigé par Margaux Stive
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un croquis d'audience dépeint Monique Olivier lors de son procès devant la cour d'assises de Nanterre (Hauts-de-Seine), le 5 décembre 2023. (BENOIT PEYRUCQ / AFP)

Une bataille d'experts a animé le procès de Monique Olivier, mardi 12 décembre. Les psychologues se sont penchés sur l'intelligence de l'ex-femme de Michel Fourniret ainsi que sur son rôle dans le parcours criminel du tueur. Depuis 2004 et l'arrestation de Michel Fourniret, deux visions s’opposent et continuent de se confronter devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine.

Sur l’intelligence de Monique Olivier, et plus particulièrement sur son QI, deux experts ont apporté à la cour des conclusions opposées sur le sujet. Pour le premier expert, un psychologue belge, Monique Olivier présente une intelligence située dans la moyenne basse, autour de 95 de QI. Pour le second, un psychologue français, elle dispose au contraire de capacités très élevées, un QI de 131, supérieur à celui de Michel Fourniret. À la barre, les deux experts s’accusent mutuellement, l’un estime que ses confrères "se sont emmêlé les pinceaux", l’autre parle de "résultats qui dépendent des périodes et des états émotionnels de l’accusée".

Au final, il est difficile de trancher, même si une troisième et dernière expertise réalisée récemment va plutôt dans le sens d’une intelligence légèrement au-dessous de la moyenne. Quoi qu’il en soit, cette question ne changera pas les débats, estime l’avocat de Monique Olivier : "Ma cliente sera condamnée et je ne ferai pas appel, affirme Me Richard Delgenes, mais l’enjeu ici c’est plutôt de mieux la comprendre."  

Victime soumise ou complice active ?

La personnalité de Monique Olivier divise aussi les experts. Tous tombent d’accord sur un point : l’absence d’empathie de Monique Olivier, son incapacité à exprimer des émotions. C’est d’ailleurs ce qui lui a permis de tenir aussi longtemps face à l’horreur des crimes, selon les experts. Mais quand il s’agit de répondre à la question centrale, celle de savoir si l’accusée a été une victime soumise de Michel Fourniret ou une complice active du tueur, les théories sont diamétralement opposées. Pour le premier expert belge, la peur insoutenable de l’abandon et de la solitude suffit à expliquer pourquoi Monique Olivier ne s’est jamais enfuie, pourquoi elle a pu supporter les crimes et même y participer. Pour ce psychologue, il n’y a pas chez l’accusée de perversité, seulement, dit-il, une soumission totale.

Une théorie totalement contredite par le deuxième expert qui parle au contraire d’une esthétique de la perversité, d'une complaisance voire d'une fascination chez l’accusée. Elle était la muse, dit-il, de Michel Fourniret, l’égérie sans qui le tueur en série n’aurait pas eu une carrière criminelle de cette ampleur. Elle en tirait, dit l’expert, une forme de satisfaction personnelle. Vingt ans de bataille d’experts qui n’auront donc pas suffi, conclut à la sortie de l’audience l’avocat des familles de victimes, à percer le caractère insondable de Monique Olivier.

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