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Meurtre du petit Valentin : 30 ans requis contre Moitoiret

DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE | Aux assises du Rhône, le réquisitoire de l'avocat général vient d'être prononcé jeudi soir, au procès en appel de Stéphane Moitoiret et de Noëlla Hégo, jugés une nouvelle fois pour l'assassinat du petit Valentin Crémault, en 2008, dans l'Ain. Il a réclamé 30 ans de réclusion criminelle à l'encontre de Stéphane Moitoiret et de 16 à 18 ans pour son ex-compagne. Depuis le début de ce nouveau procès, la question de la santé mentale des deux accusés a été au cœur des débats, mais pour l'accusation, leur responsabilité dans ce crime atroce ne fait aucun doute.
Article rédigé par Sophie Parmentier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

Jean Paul Gandolière, l'avocat général dans sa robe rouge –
qui avait déjà prononcé le réquisitoire lors du premier procès de ce couple de
routards mystiques – a requis une nouvelle fois la même peine contre Stéphane
Moitoiret : 30 ans de réclusion criminelle, avec une rétention de sûreté des
deux tiers.

Il ajoute aussitôt qu'il se fait "violence" pour ne pas
requérir davantage, il veut juste tenir compte de l'altération du discernement
des deux accusés, présentés par les experts psychiatres comme schizophrène et
paraphrène, deux formes de folie, indéniables.

Un "langage codé"

Jean-Paul Gandolière se force donc pour ne pas requérir la
perpétuité contre Moitoiret,  mais il
demande aux jurés du Rhône de suivre la décision des jurés de l'Ain. En
décembre 2011, eux, avaient condamné Stéphane Moitoiret à la réclusion
criminelle à perpétuité. À Bourg-en-Bresse, les premiers jurés d'assises
avaient condamné Noëlla Hégo à 18 ans de réclusion criminelle.

L'avocat général demande la même peine, pour elle. Car pour
le magistrat, c'est elle qui a "provoqué" ce crime atroce, elle qui "a
allumé la mèche"
, elle qui lui a mis dans la tête, avec ce très  obscur concept de "retour en arrière ",
qui impliquerait "la mort de quelqu'un" . C'est leur "langage
codé"
, dit l'avocat général.

Mais il en est absolument convaincu, quand Moitoiret quitte la
cure où ils sont hébergés ce soir du 28 juillet 2008, quand il part marcher
trois kilomètres et demi avec son couteau, dans un état de grande colère, "enragé,
elle sait qu'il part tuer"
, estime l'avocat général. Il refuse de
s'attarder sur les avis partagés de la dizaine d'experts psychiatres qu'on a vu
défiler à la barre. "Ils ont tous un peu tort et un peu raison, c'est
normal"
, balaye-t-il.

"Le calvaire du petit Valentin"

Jean-Paul Gandolière reconnaît, certes, que "Sa Majesté et
son secrétaire" souffrent de troubles mentaux. Cependant, d'après le magistrat,
il n'y avait pas abolition de leur discernement le soir du crime :

"Sinon, pourquoi Moitoiret partirait-il en courant
après avoir poignardé de 44 coups de couteau le petit Valentin ? Pourquoi
dirait-il ensuite à Noëlla Hégo qu'il a tué un petit garçon ?"

"Mesdames et messieurs les jurés, lance
solennellement l'avocat général, vous avez à juger le calvaire du petit
Valentin Crémault."
  Les
plaidoiries des avocats de Stéphane Moitoiret ont débuté jeudi soir et se poursuivront
vendredi matin, avant le verdict attendu dans la soirée. 

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