"On est dans l'anti #MeToo" : nouvelles accusations contre une professeure de chant lyrique à Marseille, déjà visée par des plaintes pour agressions sexuelles et viol

Article rédigé par Camille Laurent
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le conservatoire Pierre-Barbizet de Marseille vit une période de turbulence avec la mise en cause d'une de ses professeurs par plusieurs élèves. (YVAN PLANTEY / RADIO FRANCE)
Un élève de première année au Conservatoire de musique Pierre-Barbizet a, à son tour, dénoncé les agissements de cette professeure de chant lyrique, déjà mise en cause par trois autres élèves.

À Marseille, le Conservatoire de musique essaye-t-il de protéger une professeure de chant lyrique ? C'est ce que pensent plusieurs élèves alors que cette enseignante est déjà visée par trois plaintes pour des agressions sexuelles et un viol. Une enquête est ouverte depuis septembre dernier. Après une brève suspension, la professeure mise en cause continue de donner cours.

En novembre, un élève de première année s'est à son tour opposé à ses techniques d'enseignement. Il est passé mercredi 13 mars en conseil de discipline pour agression verbale de sa professeure de chant lyrique. Il a finalement été relaxé et pour lui, "c'est la première fois que la parole des élèves a été entendue".

Climat sexualisé

Gabriel*, élève de 19 ans en première année au Conservatoire Pierre-Barbizet de Marseille, a lui aussi assisté aux cours de la professeure déjà mise en cause. Quand il commence à aller dans sa classe au premier trimestre, il se dit "choqué" par le climat sexualisé entretenu par son enseignante.

"Elle nous a dit : 'vous allez voir, je parle beaucoup en faisant des allusions cochonnes' ou 'le son, il faut que ça sorte par votre cul'".

Gabriel*

à franceinfo

Gabriel assure aussi avoir eu des "allusions à [s]on tour de taille", lui qui a la taille fine. Il reproche aussi à la professeure une technique vocale nocive pour ses propres cordes vocales.

Conscient des accusations d'agressions sexuelles et de viol portées contre la chanteuse lyrique, l'élève décide de réagir "pour ne pas laisser son emprise s'installer progressivement". Fin novembre, il choisit de ne plus assister à ses cours et de s'en ouvrir à son administration. Celle-ci ne réagit pas.

"Une première victoire"

Mi-février, une altercation entre Gabriel et l'enseignante a lieu, chacun s'accuse réciproquement d'agression verbale, jusqu'à ce que l'élève soit convoqué en conseil disciplinaire mercredi 13 mars. Pour lui, "le message c'est : quiconque s'en prend à cette professeure et au Conservatoire passera en conseil de discipline". Il est finalement relaxé. Pour lui, "c'est une première victoire pour les vicitmes de ces professeurs qui abusent de leurs élèves, de toutes ces personnes qui usent et abusent de leur pouvoir".

L'avocat de Gabriel, qui défend aussi les trois plaignants, se réjouit que l'élève échappe à des sanctions. Mais pour Me Armand Feste-Guidon, "on est dans l'anti #MeToo, l'anti Judith Godrèche", avec le Conservatoire qui ne suspend pas la chanteuse lyrique malgré les accusations qui pèse contre elle. L'enquête est en cours et il n'y a pas "d'éléments probants à ce stade", répond l'avocat du Conservatoire. En attendant, Gabriel suit ses cours de chant lyrique auprès d'un professeur particulier, en dehors du Conservatoire.

*Le prénom a été modifié.

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