Réforme de la justice : "Bercy s'est emparé de la place Vendôme"
Pour Gérard Tcholakian, membre du bureau du Syndicat des avocats de France, invité sur franceinfo vendredi, la réforme du gouvernement est dictée par des intérêts économiques.
La ministre de la Justice Nicole Belloubet a présenté, vendredi 20 avril, en conseil des ministres, son vaste projet de réforme de la justice. L'objectif affiché est de donner davantage de moyens à la justice, mais les différentes mesures restent très contestées. "Bercy s'est emparé de la place Vendôme", a dénoncé, vendredi sur franceinfo, Gérard Tcholakian, membre du bureau du Syndicat des avocats de France (SAF), pointant une réforme dictée par des intérêts économiques. Pour lui, non seulement "la réforme ne va rien simplifier", mais "elle éloigne le justiciable des lieux de justice".
franceinfo : L'objectif de simplifier l'accès à la justice peut-il être atteint avec cette réforme ?
Gérard Tcholakian : C'est un leurre. La réforme ne va rien simplifier. On veut absolument écarter le justiciable de l'instance, l'écarter de la rencontre avec le juge. Tant qu'on ne renforcera pas les moyens matériels, on se retrouvera dans une situation qui est celle du dernier siècle. Nous sommes tous unanimes avec les magistrats pour dire que cette réforme ne va pas. Elle éloigne le justiciable des lieux de justice.
Pourquoi les avocats disent-ils que les droits de la défense seront réduits ?
C'est une réalité économique. Bercy s'est emparé de la place Vendôme. Par exemple, avec le tribunal criminel départemental, on va affecter des magistrats à une procédure normalement dévolue à des jurés. Or, un juré vaut 87 euros par jour. Il y a 2 000 procès d'assises par an. C'est donc une manière de réduire les coûts.
Les cas dans lesquels le recours à l'avocat sera obligatoire seront étendus. Est-ce une bonne nouvelle pour votre profession ?
Contrairement à certaines prises de position de la profession, le Syndicat des avocats de France n'est pas favorable au développement du monopole de postulation. Pour nous la démocratie se tient aussi à l'intérieur des Palais de justice lorsque le particulier peut lui même porter sa défense. Il ne faut pas priver la possibilité aux personnes de se défendre elles-mêmes, notamment pour des raisons financières.
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