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A la conférence de Dieudonné sur Gaza, "même Hitler il ne bombardait pas les hôpitaux"

L'humoriste condamné pour antisémitisme a donné une conférence sur Gaza avec quatre autres intervenants, samedi au théâtre de la Main d'Or. 

Article rédigé par Salomé Legrand
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le public venu voir Dieudonné le 26 juillet 2014 au théâtre de la Main d'or à Paris, .  (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

"J'ai jamais vu autant d'antisémites réunis", blague un des rares sexagénaires parmi les quelque 300 personnes venues écouter Dieudonné et quatre autres défenseurs auto-proclamés de la cause palestinienne, samedi 26 juillet au théâtre de la Main d'or à Paris. Assis sur les escaliers, coincé entre l'accoudoir d'une rangée de fauteuils bondée et un jeune baraqué : "Il y a des noirs, des blancs, des arabes, c'est bien, c'est multiculturel l'antisémitisme."

A quelques rues de la place de la République où se sont rassemblés des milliers de manifestants pro-palestiniens malgré l'interdiction, l'humoriste condamné à plusieurs reprises pour antisémitisme a invité dans son QG le gratin de l'antisionisme, dont Marion Sigaut, historienne, et Jacob Cohen, écrivain habitué de ce type de rassemblements. Mais aussi Laurent Louis, remuant ancien élu belge, en lutte contre tous les systèmes, et coutumier des sorties polémiques.

"Ce petit peuple qui, sans moyens, construit des roquettes"

L'assistance, jeune et mixte, parle d'antisémitisme à tout bout de champ. Pour mieux le nier : tous se revendiquent "antisionistes", rien à voir, ils vont le prouver. Mais "sans caméra, ni appareil photos, ni enregistrement", martèle la sécurité en costume-noeuds papillon, qui lance la conférence sans attendre.

Marion Sigaut, qui se présente comme historienne et fait partie d'Egalité et réconciliation, l'association d'Alain Soral, ouvre le bal. Elle se lance dans un "rappel historique" remontant à "je ne sais plus sous quel empereur ottoman" jusqu'aux "années 30" et l'installation en Palestine de centaines de "juifs et des juifs et des juifs..." Ovationnée, l'ex-membre de Debout la République cherche un peu d'air sous le fin foulard empruntant les motifs du keffieh qu'elle porte autour du cou, tandis que l'écrivain Jacob Cohen saisit le micro d'une main tremblotante.

Lui loue "Gaza la résistante", "ce petit peuple, qui sans moyen, construit des roquettes". Et ne croit pas à "l'histoire" de l'enlèvement des trois jeunes israéliens, première marche du regain de tension entre Israël et le Hamas. Alors que l'assemblée s'évente tant bien que mal avec son ticket payé 5 euros, Marion Sigaut propose d'écouter "une musique qui fait pleurer tous les Palestiniens d'ici et d'ailleurs". Un hymne en arabe grésille dans les enceintes avant que Laurent Louis invite à "une minute de silence debout pour les victimes de la barbarie sionistes", durant laquelle les deux intervenantes sanglotent ostensiblement.

"On nous ressort toujours la souffrance de la Shoah"

"C'est un hommage qu'on leur rend dans le calme, il n'y pas d'insultes, c'est important nous ne sommes pas antisémites", reprend-il, qui souhaite dénoncer "le marketing sioniste omniprésent". Quand Vanessa, venue "pour la partie humanitaire" de la conférence, lit une longue lettre d'un médecin de l'hôpital gazaoui de Shifa qui décrit son enfer, il assène en exemple : "Ce genre de témoignage on ne l'entend pas sur BFM, sur TF1, sur France 2, on voit toujours les mêmes images, on voit toujours des israéliennes habillées à l'occidentale qui courent en entendant l'alerte."

Débarque alors, sous un tonnerre d'applaudissements, Dieudonné, "notre combattant antisioniste le plus connu, qui a revêtu son habit de lumière". Il porte sa fameuse combinaison orange de prisonnier de Guantanamo, avec inscrit "quenelle" en lieu et place du prénom du détenu. "J'ai toujours la sensation d'être emprisonné dans ce système", lance-t-il, fier de "sensibiliser le public à ces injustices par le rire, la plus grande injustice étant Gaza."

Dieudonné (à G) au théâtre de la Main d'or à Paris, le 26 juillet 2014.  (SALOME LEGRAND / FRANCETV INFO )

"Ici, le sionisme a tous les contrôles, politique, économique", énumère l'humoriste. "On nous ressort toujours la souffrance de la Shoah", soupire-t-il accompagné par des "tsss" du public et des murmures de désapprobation. Lui a assisté "au mémorial de la Shoah pour les Indiens, à Walt Disney".

Et de décrire "le spectacle Buffalo", "que l'on regarde avec un chapeau de cowboy, l'équivalent d'un brassard nazi", à grand renfort de scènes surréalistes qui déclenchent les fous rires du public. "Ceux qui gèrent la Shoah, ces éternels pleurnichards, devraient s'inspirer de Disney", conclut-il lançant un tonitruant : "Vive la Palestine libre et vive la résistance."

"C'est pas une politique nazi que poursuit l'Etat d'Israël, c'est pire!"

"Pourquoi on envahit pas Israël, c'est le pays le plus criminel au monde", reprend l'intarissable Laurent Louis. Et d'asséner : "C'est pas une politique nazie que poursuit l'Etat d'Israël, c'est pire! Même Hitler, il ne bombardait pas des hôpitaux." Ses petites fiches bien alignées derrière un drapeau bleu blanc rouge floqué d'un ananas en référence à la chanson "Shoananas", il insiste : "Il n'y pas d'armée à Gaza, juste des résistants."

Dieudonné, impassible, s'éponge le front sur une chaise voisine, tandis que le trublion belge moque le bilan des quinze jours de combats : "900 morts contre un arbre abattu en Israël par une roquette.. non allez, trois morts." Puis s'enflamme, "c'est quand même les sionistes qui ont financé Hitler" et fait mine de ne pas vouloir mentionner les chambres à gaz. "Bon, il y en a eu", minaude-t-il tandis que l'assemblée rit de bon coeur, "sans la Seconde guerre mondiale, Israël n'aurait jamais eu le territoire qu'il a eu après la guerre, quatre fois plus grand que ce qu'on avait prévu."

Avant de laisser place aux questions, il résume : "Les gens disent: 'Mais pourquoi tu parles de la Palestine, nous on veut parler du chômage', mais tout est lié si on a la crise, c'est à cause des banques qui sont sionistes." Un "Dieudonné président" fuse, accueilli par un faux sourire modeste de l'humoriste qui ne reprend la parole que pour contrer une nouvelle fois "le chantage à l'antisémitisme". Avec cet argument tiré de son nouveau spectacle : "Il y avait des esclavagistes juifs, beaucoup, est-ce-que les esclaves étaient tous antisémites parce qu'ils voulaient tous s'enfuir ?"

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