Crimes sexuels de mineurs : le Parti socialiste accuse le gouvernement de faire de la récupération
Le gouvernement a décidé lundi de placer en centre éducatif fermé les mineurs coupables de crimes sexuels "particulièrement graves" à la suite du viol et de l'assassinat d'une collégienne par un lycéen récidiviste. Le PS a dénoncé une récupération.
Après l'assassinat et le viol en Haute-Loire d'une collégienne de 14 ans par un lycéen de 17 ans, récidiviste, qui a avoué les faits, le Premier ministre, François Fillon, a réuni lundi après-midi à Matignon, les ministres de la Justice Michel Mercier, de l'Intérieur Claude Guéant et de l'Education Luc Chatel. Une série de mesures a été annoncée pour éviter à l'avenir ce type de récidive.
"Toute personne qui a commis un crime sexuel particulièrement grave doit être placée en centre éducatif fermé lorsqu'elle est mineure", a rapporté Michel Mercier à l'issue de la réunion. Le gouvernement souhaite aussi mieux partager l'information entre les services concernés dans ce type d'affaires. Des dispositions en vue d'une "évaluation pluridisciplinaire de la dangerosité" seront par ailleurs incluses dans la loi de programmation qui sera présentée mercredi prochain en conseil des ministres.
Pour le ministre de l'Intérieur, M. Guéant , une réforme de la justice des mineurs et de l'ordonnance de 1945 devra être "une des priorités" après les élections présidentielle et législatives.
M. Guéant, "élève zélé du sarkozysme", selon M. Vallini
Après cette réunion interministérielle, André Vallini, chargé de la Justice dans l'équipe de campagne de François Hollande, a estimé que "le pouvoir en place s'en tient à des annonces concrètes et à des mesures précises. Il n'y a pas pour le moment d'utilisation de l'émotion populaire, tout à fait légitime au demeurant, à des fins politiciennes".
M. Vallini a toutefois regretté que M. Guéant ait "malheureusement franchi la ligne jaune, en élève zélé du sarkozysme", en annonçant "que le sujet de la justice des mineurs sera traité après l'élection présidentielle".
Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, a jugé de son côté "particulièrement nauséabond de voir la droite instrumentaliser (ce) fait divers", le chef de file des sénateurs PS François Rebsamen parlant pour sa part d'une "agitation indécente" de la part du gouvernement.
"Le gouvernement accumule les effets d'annonce"
Dans un communiqué, M. Rebsamen, chargé de la Sécurité dans l'équipe de campagne de François Hollande, avait ainsi écrit : "Une réunion interministérielle, une intervention au JT de 20h [Claude Guéant sur TF1 d'après la chaîne] un nouveau projet de loi, comme après chaque fait divers, le gouvernement en accumulant les interventions compassionnelles et les effets d'annonce, frise l'indécence".
En 2002, "nous avons peut-être eu tort de nous opposer" à la création de centres éducatifs fermés", a également estimé le député de l'Isère lors d'une conférence de presse avec Delphine Batho, l'une des porte-parole de la campagne du candidat Hollande. "On peut faire amende honorable", a-t-il dit admettant que "les centres éducatifs fermés fonctionnent plutôt bien".
"M. Hollande fera des propositions concrètes et crédibles"
M. Vallini a, en outre, relevé que "les dernières lois votées ne sont pas toutes inefficaces mais la plupart n'ont pas reçu les moyens d'être appliquées sur le plan budgétaire". "François Hollande annoncera en janvier son programmme présidentiel", fera "des propositions concrètes et crédibles".
"Ce que je peux vous dire c'est que pour lui les choses sont très claires : il faut des moyens budgétaires beaucoup plus importants qu'aujourd'hui consacrés à la justice et notammment à la justice relative aux délinquants sexuels, avec des parcours individualisés, des structures adaptées un peu à l'exemple de ce qui se fait au Canada", a-t-il affirmé.
"La droite ne sera pas la seule pendant la cammpagne électorale" à parler de l'insécurité, a-t-il prévenu.
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