Brétigny : 2 ans après l'accident, où en est l’enquête ?
Un bruit de tôle assourdissant, des sirènes, les secours qui convergent vers Bretigny-sur-Orge... C'était il y a tout juste deux ans, le déraillement d'un train Paris-Limoges en gare de Brétigny, entraînait la mort de sept personnes et faisait une quarantaine de blessés. Alors que l'accident semble avoir été provoqué par une pièce métallique défaillante sur les voies, l'enquête se poursuit encore pour établir les responsabilités précises.
Il faut tout d'abord souligner qu'il n’y a pas eu une, mais trois enquêtes sur ce drame. Car si tout le monde est d’accord pour dire que la cause directe du déraillement du convoi est liée directement à une éclisse, cette sorte de grosse agrafe métallique qui maintient deux rails consécutifs, tout le monde cherche à savoir pourquoi et comment cette éclisse a sauté.
La première enquête celle de la SNCF avait relevé l’absence d’un des quatre boulons, censé maintenir l’éclisse aux rails sans toutefois pouvoir l’expliquer. Le second rapport, celui du Bureau d'Enquêtes sur les Accidents de Transport Terrestre (BEA-TT), avait fait état d’un rail fissuré, comme possible origine du désassemblage de l’éclisse. Le rapport s’interrogeait par ailleurs aussi d’une manière générale, sur la qualité de maintenance des assemblages boulonnés. Les experts mandatés par la justice évoquent dans un troisième rapport "un état de délabrement jamais vu ", une lourde charge contre la SNCF et sa politique de maintenance clairement mise en cause. A ce jour d'ailleurs, la compagnie ferroviaire comme le réseau ferré de France restent mis en examen pour homicide et blessures involontaires.
Les victimes dénoncent une "démobilisation " de la justice
Les victimes déplorent, elles, une lenteur terrible dans ce dossier. Une lenteur et un manque de moyens dénoncés il y a quelques semaines, par les juges d'instruction eux-mêmes. Maître Philippe Clerc, avocat à Limoges, défend quatre victimes blessées dans cet accident. Il déplore "à la fois de l’immobilisme et à la fois du silence " Pour lui, " le silence peut être légitime parce qu’on est sur une procédure d’instruction, où à chaque moment les juges d’instruction ne peuvent pas informer les parties civiles " , mais il demande "plus de communication " en ce qui concerne les dates clefs du dossier.
Jean-Luc Marrissale, un habitant de Limoges blessé dans l'accident, regrette une "démobilisation " de la justice, que ce soit concernant l'indemnisation amiable ou l'enquête judiciaire. Il indique que l’association d’entraide aux victimes de l’accident de Brétigny, a saisi la garde des Sceaux, Christiane Taubira, "pour l’alerter sur le sujet, pour que tous les moyens qui étaient prévus soient réellement mis en œuvre ". Il ajoute : "On espère qu’au moins de ce côté-là, nous serons entendus, pour que le dossier soit au moins géré correctement. C’est la moindre des choses que peuvent attendre les victimes et les rescapés de cet accident ."
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