Bébés morts à Chambéry : l'enquête se resserre autour du laboratoire Marette
La ministre de la Santé Marisol Touraine a suspendu la production du laboratoire qui a reconnu avoir fabriqué les poches incriminées.
Du nouveau dans l'enquête sur la mort de trois bébés à l'hôpital de Chambéry (Savoie), à la suite de la contamination de leurs poches alimentaires. Le procureur de la République de Marseille annonce, mardi 7 janvier, l'ouverture d'une information judiciaire contre X pour homicides et blessures involontaires, mise en danger délibérée de la vie d'autrui et fabrication de médicament sans respecter les bonnes pratiques.
Par ailleurs, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, "suspend la production du laboratoire Marette", qui a reconnu avoir fabriqué les poches incriminées. Ce dernier a fait savoir qu'il envisageait des "recours" contre cette décision.
Six poches contaminées, dont trois sous scellés
"Nous avons six poches de nutrition analysées à l'hôpital qui s'avèrent contaminées par une bactérie. (…) Trois de ces six poches étaient sous scellés, fermées, non ouvertes et s'avèrent néanmoins contaminées par un germe rare, difficile à identifier", précise le procureur de Marseille, Brice Robin. Il ajoute que le dernier contrôle de ces poches s'est déroulé en juillet, sans incident.
La ministre de la Santé, qui a fait procéder au retrait des lots suspects, des poches produites le 28 novembre et distribuées dans sept hôpitaux, affirme qu'aucun autre cas de contamination n'a été signalé.
Une bactérie "qui n'a pas encore de nom"
Selon Marisol Touraine, qui a saisi jeudi l'institut Pasteur pour analyser les poches incriminées, la contamination est due à un seul et unique germe, "d'origine environnementale". Jean-Claude Manuguerra, du centre de recherche, a précisé qu'il s'agissait d'une "entérobacterie de l'environnement, une nouvelle espèce non décrite à ce jour et qui n'a pas encore de nom".
Ces bactéries "sont en général des hôtes (…) du tube digestif de l'homme et des animaux", mais qui prolifèrent aussi "en abondance dans l'environnement (sol-eaux)", indique le site de l'université Paris Descartes. "Certaines sont responsables d'infections humaines parfois sévères (fièvre typhoïde, dysenterie bacillaire, peste)."
La production du laboratoire Marette suspendue
Une inspection du laboratoire Marette, basé à Courseulles-sur-Mer (Calvados), a été déclenchée hier. Elle est toujours en cours, tout comme celle de l'hôpital de Chambéry, lancée mardi, précise la ministre de la Santé.
En outre, Marisol Touraine "suspend" la production du laboratoire et lui demande de mettre en quarantaine l'ensemble des poches alimentaires stockées. Marette "dispose de 24 heures pour faire valoir des éléments contradictoires", précise-t-elle. Le laboratoire "se réserve toute faculté d'engager un recours devant les juridictions administratives", a indiqué son avocat Matthieu Lemaire, précisant que la suspension est effective pendant trois mois à titre conservatoire.
"A ce stade, aucun élément formel ne permet de relier l'existence des germes retrouvés (…) au laboratoire Marette", explique-t-il. Il rappelle aussi qu'une vingtaine de centres hospitaliers clients de Marette vont se retrouver sans poches alimentaires, un "problème majeur".
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