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Témoignage franceinfo "J'étais en état de choc", raconte la jeune femme frappée au visage par un harceleur à Paris

Article rédigé par franceinfo - Propos recueillis par Louise Hemmerlé
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La jeune femme a été frappée au visage à Paris, le 24 juillet 2018. (CAPTURE ECRAN / MARIE LAGUERRE)

Frappée en pleine rue mardi, Marie raconte à franceinfo son agression, dont elle a posté les images sur internet. 

Marie Laguerre rentrait chez elle, mardi 24 juillet, lorsqu'elle a été prise à partie par un homme. Il lui a d'abord adressé des gestes déplacés, des sifflements et des commentaires. "Ta gueule", lui a alors lancé la jeune femme de 22 ans, en continuant sa route. L'homme est alors revenu vers elle et l'a frappée au visage, comme on peut le voir sur ces images, que Marie a diffusées pour dénoncer cette violence. L'étudiante en architecture répond aux questions de franceinfo sur les circonstances et les retombées de cette agression

Franceinfo : Que s'est-il passé mardi soir ? Comment s'est déroulée votre agression ?

Marie Laguerre : Je rentrais chez moi, quand j'ai croisé un homme qui m'a fait des bruits et des coups de langue à connotation sexuelle vraiment très dégradants, que je n'ai pas supportés. J'ai lâché un "ta gueule" sans penser qu'il m'entendrait. Mais il m'a entendu, et tout est allé très, très vite. Il a attrapé un cendrier et me l'a jeté, il a vraiment évité ma tête de quelques centimètres. J'étais tellement en rogne, je ne voulais pas m'écraser, pas baisser les yeux. Qu'il ose être en colère, alors que c'est moi qui étais censée être en colère ! Je me suis retournée vers lui, et tout est allé extrêmement vite mais à ce moment-là je savais qu'il allait me frapper. J'étais même prête à me battre. Quand le coup est tombé, je l'ai encaissé sans montrer la moindre émotion. Et lui continuait de hurler. 

Comment ont réagi les témoins ? 

Les gens se sont levés immédiatement, ils ont vraiment super bien réagi. Il s'en est aussi pris à eux, en leur disant "Je vais tous vous défoncer comme elle". Il était vraiment dangereux. Moi, j'étais en état de choc. Je suis d'abord rentrée chez moi, et puis des amis m'ont convaincue d'aller porter plainte. Je suis ressortie 20 minutes plus tard pour retrouver les témoins. Ils m'ont offert une bière et m'ont aidée à me calmer. Mais surtout, ils n'ont jamais remis en question la manière dont j'avais réagi. Ils ont eu les bons mots, pas une once de culpabilisation, et ça c'est super important. Et puis ils ont accepté de témoigner en ma faveur. Ensuite, on m'a amenée au commissariat, mais il y avait trop de monde donc j'ai porté plainte le lendemain matin, le 25 juillet.

Comment vous sentez-vous dans la rue depuis votre agression ? 

J'avoue que je suis à cran, je ne suis pas très à l'aise de marcher dehors. J'espère que cela va revenir vite, mais vu que c'est récent, cela reste un traumatisme. Je ne me sens certainement pas en sécurité. Je me suis déjà fait agresser sexuellement, mais c'est la première fois que je suis frappée en pleine rue.  

Pourquoi avez-vous décidé de diffuser les images de votre agression ? 

Internet peut avoir un énorme impact, même si je ne pensais pas que cela prendrait cette ampleur. Moi-même, je ne réalisais pas la gravité de l'agression. Mais j'ai tout de même décidé d'en parler pour ne pas rester silencieuse, pour dénoncer ce genre de choses qui arrivent à toutes les femmes. Moi, j'ai eu vraiment beaucoup de chance qu'il y ait une vidéo. Elle permet de mettre en lumière le fait que les femmes ne se sentent pas en sécurité dans les rues. Cela représente vraiment un énorme problème de société. On se sent emmerdée partout quand on est une femme. Que ce soit dans une station balnéaire, en pleine campagne ou à Paris en plein jour, c'est la même chose partout. Parmi les messages de soutien que j'ai reçus, beaucoup de femmes partagent d'ailleurs leurs propres expériences. Ce n'est vraiment pas un exemple isolé. C'est juste que cette fois, il y a des images, et qu'elles choquent. 

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