"On se bat pour que d’autres victimes de viol puissent parler avant qu’il ne soit trop tard" : un appel au combat collectif sur les réseaux sociaux
Des militantes contre les violences sexuelles lancent une campagne sur les réseaux sociaux. Elles demandent que ces crimes commis contre des mineurs deviennent imprescriptibles.
La photo a été postée sur les réseaux sociaux. Sarah Abitbol porte, comme les autres victimes, un panneau dans les mains. Dessus, il est écrit : "Sarah, violée à 15 ans. 11 ans d'amnésie. Trente ans de silence". "Ça paraît inconcevable et on se dit mais comment c'est possible ? Mais j'ai tout oublié et je croisais mon agresseur. Je le voyais. Et à aucun moment, j'ai pensé ça. J'ai oublié", explique la patineuse.
Pendant des années, Sarah Abitbol ne s'est pas souvenue de ces agressions qu’elle raconte avoir subies de la part de son entraîneur, Gilles Beyer dans un livre sorti au début de l’année Un si long silence. "Je me suis enfermée dans ce silence pendant 30 ans. Je n’osais pas parler. J’avais peur, j’avais honte. Je ne pouvais pas prononcer ce mot viol", témoigne-t-elle. "On pense que ce silence va nous aider mais en fait on est des handicapées de la vie. On a toujours quelque chose qui ne va pas parce qu’on n’est pas sorties de ce silence. Et c’est pour ça qu’aujourd’hui on se bat pour que d’autres victimes puissent parler avant qu’il ne soit trop tard".
L'amnésie traumatique, une "défense" à court terme
Un phénomène que l'on appelle l'amnésie traumatique, qui touche en particulier les enfants victimes de violences sexuelles. Résultat : la plainte de Sarah Abitbol n'est plus recevable aujourd'hui. Une injustice qu'il faut à tout prix réparer, estime la patineuse. Pour elle, il faut permettre aux victimes de porter plainte toute leur vie. "Je suis sûre qu'il ne faut aucune limite parce que ça prend beaucoup de temps. Parfois, ça peut prendre 30 ans".
On a trois cas de femmes qui ont vécu la même chose que moi, malheureusement, du même agresseur. Nous avons prescription. Cet homme est toujours dehors, donc il peut encore nuire. Et ça, ça n'est pas normal. Ça ne doit pas exister.
Sarah Abitbolà franceinfo
Depuis 2018 la loi permet de porter plainte jusqu’à 30 ans après la majorité de la victime. C’est mieux qu’avant mais c’est toujours trop peu, disent ces militantes.
Nous demandons au @gouvernementFR⤵️
— Mié Kohiyama (@MiKohiyama) June 18, 2020
➡️L'introduction de l'#AmnesieTraumatique dans la loi
➡️La levée de prescription pour les victimes d'un même #Pedocriminel
➡️L'imprescriptibilité des crimes sexuels sur mineur.e.s#Pedocriminalite #StopPrescription #Iwas #MemePasPeur #Handicap pic.twitter.com/ulQK88nslm
"Il faut vraiment faire bouger les choses. Ce n’est pas important, c’est vital. Ce ne serait pas les Jeux olympiques qu’on gagne. Ce sont des vies et ça, ça n’a pas de prix", plaide Sarah Abitbol.
Une mission d'évaluation a été lancée sur cette question par Marlène Schiappa au début de l'année. Elle devrait rendre ses conclusions après l'été.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.