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Violences sexuelles dans le patinage : "Nous avons fait ce que nous pouvions faire à l'époque", se défend Marie-George Buffet

L'ancienne ministre des Sports a été mise en cause lundi par le président de la Fédération française des sports de glace, Didier Gailhaguet, qui la juge responsable de la poursuite des activités de Gilles Beyer dans les années 2000.

Article rédigé par franceinfo
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Marie-George Buffet, le 18 juin 2010, à Paris. (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

"Sur l'incompétence, chacun peut juger. L'accusation de lâcheté, ça je le réfute" : Marie-George Buffet répond à Didier Gailhaguet, mardi 4 février sur franceinfo. L'ancienne ministre des Sports a été mise en cause lundi par le président de la Fédération française des sports de glace (FFSG), qui la juge responsable de la poursuite des activités de l'entraîneur Gilles Beyer dans les années 2000, aujourd'hui accusé de viol par l'ex-patineuse Sarah Abitbol. Selon Didier Gailhaguet, "le ministère et la ministre des Sports de l'époque, par leur lâcheté, leur incompétence et leurs nombreuses volte-face ont permis de laisser des personnes sur la glace". Au début des années 2000, sur la base d'un signalement de parents, Gilles Beyer avait fait l'objet d'une enquête judiciaire qui n'a pas abouti, puis d'une enquête administrative, qui a conduit le ministère des Sports à mettre fin à ses fonctions de cadre d'Etat. Malgré cette mise à l'écart, Gilles Beyer a poursuivi sa carrière en club. Il a aussi effectué plusieurs mandats au bureau exécutif de la FFSG jusqu'en 2018.

franceinfo : Qu'est-ce que vous pensez des propos de Didier Gailhaguet, qui vous taxe de "lâcheté" et d'"incompétence" ?

Marie-George Buffet : D'abord, je pense aux victimes, car le sujet n'est pas M. Gailhaguet et Mme Buffet. Le sujet, ce sont les jeunes filles qui ont été victimes et les femmes qui ont le courage de parler aujourd'hui. Le deuxième élément, ce sont les personnes qui ont commis ces actes. Je pense qu'il va falloir aller jusqu'au bout pour que ces personnes répondent de leurs actes. Ensuite, sur l'incompétence, chacun peut juger. L'accusation de lâcheté, ça je le réfute, car j'ai donné à voir durant mon ministère [entre 1997 et 2002] que je n'étais pas quelqu'un de lâche. Nous avons fait ce que nous pouvions faire à l'époque : nous avons suspendu M. Beyer dès que nous avons été alertés, nous avons mené une enquête administrative puis nous avons transmis le dossier au parquet, qui n'a pas donné suite. Je le regrette. Ne faisons pas d'une vraie affaire - la parole des femmes qui se libère dans le sport et la recherche des responsables - un duel entre Gailhaguet et Buffet.

Didier Gailhaguet affirme que vous lui avez "renvoyé" Gilles Beyer en lui fournissant même une nouvelle carte professionnelle.

Comme M. Beyer n'a pas été poursuivi, il a repris ses activités au bout de six mois. Il a été placé dans une direction régionale, puis il est reparti exercer en tant qu'éducateur sportif. Mais le ministère ne pouvait pas condamner la personne à la place de la justice.

Vous auriez souhaité qu'il soit écarté par la Fédération ?

Non seulement il n'a pas été écarté par la Fédération, mais en plus il a été très bien accueilli par la Fédération : il y est resté pendant des décennies.

Parliez-vous à l'époque avec M. Gailhaguet de Gilles Beyer, aujourd'hui accusé de viol par la patineuse Sarah Abitbol ?

Je n'en parlais pas avec M. Gailhaguet, nos relations étaient déjà difficiles, à la suite de différentes affaires concernant la fédération des sports de glace, notamment les problèmes de juges à Salt Lake City en 2002 [après cette affaire de tricherie aux JO, Didier Gailhaguet avait été interdit en 2004 de toute fonction dans le patinage international pendant trois ans]. Je n'avais pas à en parler, mais simplement à faire en sorte que M. Beyer soit écarté de ces jeunes athlètes.

Vous imaginez Didier Gailhaguet rester à la tête de la Fédération après cette série de témoignages ?

C'est possible. Il a été réélu depuis des décennies, sauf pendant une période de trois ans. J'envisage même qu'il puisse être réélu, ce qui pose la question du fonctionnement de certaines fédérations, qui n'ont pas un fonctionnement démocratique suffisant.

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