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Vidéo L'avocate de Richard Berry, accusé d'inceste, a "des doutes sur l'authenticité du souvenir" de Coline Berry

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Article rédigé par franceinfo
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Maître Sophie Obadia, avocate de Richard Berry, explique sur franceinfo que l'acteur "s'interroge sur ce qui a pu motiver un tel divorce entre un père et sa fille". Coline Berry accuse son père d'inceste.

Richard Berry "s'interroge sur ce qui a pu motiver un tel divorce entre un père et sa fille", a affirmé, lundi 15 février, sur franceinfo Maître Sophie Obadia, l'une des avocates de Richard Berry, qui dénonce une "folie ambiante". L'acteur est accusé de faits incestueux par sa fille, Coline Berry-Rojtman. Celle-ci a porté plainte pour "viols et agressions sexuelles" contre son père et son ex-compagne Jeane Manson. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire. Maître Sophie Obadia dit avoir "des doutes sur l'authenticité du souvenir" de Coline Berry.

franceinfo : Pour votre client, il est désormais important de donner sa version des faits devant les enquêteurs ?

Maître Sophie Obadia : C'est une évidence. Il faut maintenant que Richard Berry soit auditionné car il a beaucoup de choses à dire dans cette affaire, qui n'en est d'ailleurs pas une pour lui. Vous avez lu son message tel qu'il l'a fait paraître il y a dix jours : il réfute totalement des gestes déplacés ou des gestes incestueux vis-à-vis de sa fille, de ses filles d'ailleurs. Il s'interroge, ce que je trouve très authentique chez lui, sur ce qui a pu motiver un tel divorce (...) entre un père et sa fille. J'ai vu un homme extrêmement déterminé dans sa défense, et nous le sommes à ses côtés, parce qu'il y a beaucoup de choses à dire 40 ans après les faits présumés. Cela pose beaucoup de questions en termes de droit.

Coline Berry dit qu'elle a révélé à sa famille et à ses amis, par le passé, les faits dont elle accuse son père. Richard Berry se demande-t-il s'il a pu faire des choses qui auraient traumatisé sa fille ?

Je lis la scène rapportée par cette jeune femme, qui a maintenant 45 ans, et que je ne dis pas du tout être une menteuse, je dis que j'ai des doutes sur l'authenticité de son souvenir. Elle pose une scène où il y a plusieurs personnes : son père, Jeane Manson et la fille de Jeane Manson. Trois de ces personnes disent que ça n'a pas existé et avec force. Je dis surtout qu'il faut lire ce qu'a dit Shirel, la fille de Jean Manson. Elle explique qu'elle a été pratiquement harcelée pour dire des choses qu'elle ne voulait pas dire parce que c'est faux. Ce n'est pas une rupture familiale sur fondement d'inceste. C'est une famille qui a de multiples difficultés qui ne parlent pas d'inceste du tout. Ce sont des disputes qui remontent à des rivalités d'artistes qui datent de bien longtemps.

Aujourd'hui, on nous dit qu'il y a un camp contre un autre à cause de cette affaire d'inceste, ça c'est une reconstruction du récit

Maître Sophie Obadia, avocate de Richard Berry

à franceinfo

Il y a des fâcheries les uns avec les autres qui n'ont strictement rien à voir avec Coline. La seule personne qui en parle, c'est sa mère, Catherine Hiegel, dont elle sait qu'elle a divorcé avec Richard Berry dans des conditions assez désastreuses. Jeane Manson, dont l'article du Monde dit qu'elle aurait parlé d'un homme violent, ne le dit pas non plus. Je suis allée lire le livre de Jeane Manson, il n'en est pas question. Ne reconstruisons pas. Revenons aux faits, à la justice qui évidemment ne doit pas se rendre sur la place publique, mais j'y suis contrainte. Allons voir très clairement auprès de la brigade des mineurs ce qui est reproché, et je l'apprendrai à cette occasion à Richard Berry, les dates des choses, les dates des témoignages. Lui aussi a beaucoup à dire sur ces questions.

Un autre avocat de Richard Berry, Maître Hervé Temime, co-signe une tribune dans Le Monde de lundi 15 février, dans laquelle il regrette que le parquet ouvre des enquêtes préliminaires quand il y a prescription. Y aurait-il dû ne pas avoir d'enquête dans ce dossier ?

Nous avons quelques principes en droit qui nous gardent de la folie ambiante. Je parle de folie ambiante. La peoplisation, la médiatisation à outrance hors les tribunaux - j'ai entendu ce [lundi] matin Coline Berry dire : "Je n'ai pas eu besoin d'un procès" - donc nous sommes hors procès... Si on commence à revenir sur les grands principes que sont la présomption d'innocence et la prescription, alors c'est à tout va, c'est une catastrophe qui s'annonce. J'ai en ce moment sur ma table de chevet le livre "Ci-gît l'amer", de Cynthia Fleury, qui explique comment le ressentiment, qui est un des ressorts dans la vie des familles, peut nous conduire à de grandes catastrophes.

Le fait qu'une enquête préliminaire soit ouverte malgré la prescription des faits n'empêche-t-il pas justement le tribunal médiatique ?

Longtemps je me suis posé cette question : l'imprescriptibilité est-elle une bonne chose ou pas ? La prescription est-elle une bonne chose ou pas ? L'enquête ne sera jamais contradictoire car je n'ai pas accès à la plainte, je n'ai pas accès à cette enquête préliminaire, ce qui est un problème pour les droits de la défense. Je suis souvent du côté des victimes, je n'aime que les procès équitables. Tout le reste nous conduit à une certaine folie.

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