Gestation pour autrui : cinq idées reçues sur les mères porteuses passées au crible
L'abandon par un couple australien d'un bébé trisomique à sa mère porteuse thaïlandaise relance le débat sur la controversée GPA.
L'affaire, qui fait la une des médias du monde entier ces derniers jours, relance le débat sur la gestation pour autrui (GPA). En Australie, un couple est accusé d'avoir abandonné un enfant trisomique à sa mère porteuse thaïlandaise, suscitant une vive polémique. L'occasion de revenir sur cinq idées reçues autour de cette méthode de procréation.
1"La GPA, c'est le fait pour une femme de porter l'enfant d'un couple qui ne peut pas en avoir."
VRAI. En France, lorsqu'un couple ne peut pas avoir d'enfant en raison d'une infertilité de l'un des deux conjoints, il peut recourir légalement à la procréation médicalement assistée (PMA), en suivant un processus très encadré. Mais il arrive que certaines mères soient dans l'incapacité physique de porter un embryon issu d'une PMA.
Existe alors la gestion pour autrui (GPA) : une mère porteuse prête (ou loue) son utérus, pour accueillir l'embryon du couple demandeur. A la naissance, le bébé est alors remis au couple.
2"La GPA n'est pas autorisée en France, mais un couple français peut légalement y avoir recours à l'étranger."
FAUX. La GPA n'est pas autorisée en France. Dans notre pays, une femme ne peut donc ni "prêter" (ni louer) son utérus, ni donner (ou vendre) son enfant. Et si, sous différentes conditions, la GPA a été légalisée dans certains pays (Inde, Royaume-Uni, Canada, Brésil, Argentine, Grèce, Roumanie…) et qu'elle est tolérée dans d'autres (Belgique, Pays-Bas, Irlande...), un couple français n'a pas le droit de se rendre à l'étranger pour y avoir recours.
D'autant que se pose ensuite la reconnaissance de l'enfant devant la loi française. Depuis janvier 2013, une circulaire, adressée par la garde des Sceaux, Christiane Taubira, à tous les procureurs de France, recommande d'accorder la nationalité française aux enfants nés à l'étranger d'un père français ayant eu recours à la GPA. Cette position a été confortée en juin 2014 par un arrêt de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), qui a condamné la France pour avoir refusé par le passé une telle filiation. Une condamnation qui pourrait prochainement pousser la France à inscrire dans la loi la recommandation de la "circulaire Taubira".
3"Pour une mère porteuse, louer son ventre permet de gagner parfois beaucoup d'argent."
VRAI. Dans certains pays, la gestation pour autrui est autorisée, mais uniquement à titre bénévole. Autrement dit, une mère porteuse peut "prêter" son utérus, mais pas le "louer". Dans d'autres pays, "la GPA est un vaste marché", souligne Libération (article payant), en prenant l'exemple des Etats-Unis, où des centaines d'agences mettent en relation des parents infertiles et des mères porteuses. Et l'addition peut très vite grimper : une GPA coûte "au moins 100 000 dollars [75 000 euros environ] par enfant, souvent beaucoup plus".
En fonction des pays, les gains sont très variables. En Inde, une mère peut toucher 3 000 à 5 000 euros par enfant porté. En Ukraine, porter l'enfant d'autrui peut rapporter l'équivalent de dix ans de salaire.
4"Lorsqu'on a recours à la GPA, on peut choisir à quoi ressemblera son futur enfant."
VRAI. Si la pratique est "discutable" sur le plan moral, souligne Libération, elle est faisable sur le plan pratique. "Aux Etats-Unis, il suffit de payer pour choisir le physique de la mère porteuse (ainsi que des donneurs d'ovule et de sperme, si nécessaire), son quotient intellectuel, sa relation, son groupe sanguin et ses marottes", détaille le quotidien.
Mais lorsqu'apparaissent des problèmes – comme ce bébé thaïlandais promis à un couple australien, mais né avec une trisomie 21 –, les conflits entre les futurs parents et les mères porteuses ne sont pas rares.
5"En France, le gouvernement compte bientôt légaliser la GPA."
FAUX. Si le gouvernement a souhaité harmoniser la régularisation des enfants nés par gestation pour autrui par une circulaire, et ce "dans l'intérêt des enfants", il a maintes fois répété qu'il n'entendait pas pour autant autoriser la pratique des mères porteuses. François Hollande lui-même l'a rappelé en marge d'un sommet européen à Bruxelles, le 27 juin 2014 : "Il ne sera jamais question de la légalisation de la gestation pour autrui tant que je serai président de la République. Je l'ai dit suffisamment nettement pour être entendu."
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