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Info franceinfo Féminicide à Douai : la famille d'Aurélie Langelin a porté plainte contre les policiers pour "non assistance à personne en péril"

Cette démarche fait suite aux conclusions de la mission d'évaluation de l'IGPN, qui a estimé que les policiers intervenus au domicile du couple ce soir-là n'avaient commis aucune faute.
Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une marche silencieuse en hommage à Aurélie Langelin, victime d'un féminicide, à Douai (Nord), le 12 juin 2021. (DENIS CHARLET / AFP)

"C'est la seule manière de savoir ce qu'il s'est passé." La famille d'Aurélie Langelin, 33 ans, victime d'un féminicide dans la nuit du 30 au 31 mai 2021 à Douai (Nord), a porté plainte mardi 28 février pour "non assistance à personne en péril" contre les policiers intervenus au domicile du couple ce soir-là, a appris franceinfo auprès de leur avocat, Damien Legrand, confirmant une information du Parisien.

Cette démarche fait suite aux conclusions de la mission d'évaluation de l'IGPN, qui avait été ordonnée par le ministre de l'Intérieur pour identifier d'éventuels manquements. Selon ce rapport administratif, effectué en février 2022 mais dont la famille n'a eu connaissance que récemment via l'information judiciaire, les fonctionnaires de police n'ont commis aucune faute, rapporte l'avocat.

Quelques heures avant la mort d'Aurélie Langelin, quatre policiers étaient intervenus dans sa résidence pour une dispute entre son compagnon et une voisine. "Sur place, l'attention des effectifs de police a été attirée par la présence parmi les témoins d'Aurélie", signalait au mois de juin 2021 le procureur de la République de Douai lors d'une conférence de presse, cité par France Bleu. Aurélie Langelin présentait alors "un hématome à l'œil et semblait sous l'effet de l'alcool tout comme Karim", son conjoint.

"Elle était objectivement exposée à un risque"

Ce dernier, alors sous bracelet électronique pour d'autres faits, est "invité fermement à rester dans son domicile et à laisser le voisinage en paix", souligne la plainte, que franceinfo a pu consulter. Les policiers repartent et rédigent une main courante dans laquelle la présence d'Aurélie Langelin n'est pas mentionnée. Des témoins entendus pendant l'enquête évoquent pourtant une "femme qui pleure", présentant des "bleus sur les jambes" et se faisant insulter par son compagnon, qui menaçait de la "niquer", de la "crever", de la "buter", poursuit le document de la plainte.

Pour la famille de la victime et son avocat, "il n'est pas contestable que la mort d'Aurélie Langelin est survenue parce que les fonctionnaires de police (...) ne lui ont pas porté secours alors qu'elle se trouvait objectivement exposée à un risque". D'autant que l'un des policiers présents dans l'appartement était déjà intervenu un an plus tôt "en raison d'un épisode particulièrement violent" où Karim B. A. "s'en était alors pris à Aurélie Langelin en la projetant au sol et en la rouant de coups".

Selon Damien Legrand, le rapport de l'IGPN est le fruit de "deux visites sur place" et de la seule audition des policiers. Il "se contente de reproduire les propos tenus par les fonctionnaires" et "sur 42 pages, 30 sont consacrées à une étude sociologique du bassin douaisien pour dire qu'il y a peu de moyens et que les violences faites aux femmes y sont plus importantes qu'ailleurs". Avec cette plainte déposée auprès du procureur de Douai, l'avocat espère obtenir enfin des "investigations" sur les circonstances précises de l'intervention des forces de l'ordre cette nuit fatidique.

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