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Vidéo "La vieillesse est inévitable, la mort est inévitable, la souffrance ne l'est pas" : comment Jacqueline Jencquel a décidé de choisir la date de sa mort

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Jacqueline Jencquel, militante du suicide assisté
Jacqueline Jencquel, militante du suicide assisté Jacqueline Jencquel, militante du suicide assisté (FRANCE TV)
Article rédigé par Isabelle Malin
France Télévisions
"La Mort du loup" retrace le parcours d'une femme ne souffrant d'aucune pathologie qui a décidé de mettre fin à ses jours. Ce documentaire diffusé mercredi sur France 3, dans lequel on la voit filmée des mois durant par son fils, questionne le délicat sujet de l'euthanasie et du suicide assisté.

"On va dédramatiser la mort (...) Tout le monde meurt. A partir de cette constatation-là, une personne qui va avoir 76 ans l'année prochaine, qu'elle meure, ça n'a rien de tragique. C'est dans l'ordre des choses." C'est ainsi que Jacqueline Jencquel, militante convaincue du suicide assisté, ne souffrant d'aucune pathologie, justifie son désir de mourir dans La Mort du loup, un documentaire réalisé par son fils, Tuki Jencquel, et diffusé mercredi 12 juillet à 23h25 sur France 3. Disposer entièrement de sa vie, en décidant du jour de sa mort, a été son désir, qu'elle a réalisé le 29 mars 2022.

"Je me bats pour les libertés individuelles" 

Cette Parisienne de 78 ans, très engagée dans l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), dont elle a été vice-présidente, a fait part de sa volonté d'en finir en 2018, fixant même la date de sa mort à janvier 2020 en Suisse. Une annonce médiatisée qui avait à l'époque relancé le débat sur l'euthanasie. Ce n'est que deux ans plus tard que Jacqueline Jencquel a mis un terme à son existence. Après avoir repoussé plusieurs fois le jour de sa mort, souhaitant dans un premier temps vivre "un dernier été", selon ses dires, elle a retardé une nouvelle fois la date, à l'annonce de la naissance de son petit-fils. L'un de ses trois fils a mis ces deux années à profit en décidant de prendre sa caméra et d'interroger sa mère, qui s'est livrée sans tabou.

Echapper aux aléas du grand âge, à une maladie, à la souffrance... Tels sont les arguments mis en avant par Jacqueline Jencquel dans le film pour expliquer son choix de mourir en bonne santé. Une façon également, selon elle, d'éviter de devenir un poids pour ses enfants.  

"Au lieu d'en souffrir, vous devriez être contents, si ça se passe comme je prévois que ça se passe, que je ne meure pas dans un accident terroriste (...), que je ne meure pas d'une maladie horrible. C'est un cadeau que je vous fais."

Jacqueline Jencquel

dans le documentaire "La Mort du loup"

Sa volonté inébranlable de mourir et son jusqu'au-boutisme ont fait espérer à Jacqueline Jencquel que sa décision fasse bouger les lignes en France. "Ça sera peut-être encore un 'buzz' si j'y arrive, et peut-être que cela va changer la loi dans beaucoup de pays", confie-t-elle dans le documentaire de son fils. Car sur le plan juridique, l'épineuse question de la fin de vie et du suicide assisté n'a guère évolué depuis 2016 et la loi Claeys-Leonetti. Le sujet divise et interroge autant les citoyens que la classe politique.

Lors de sa campagne présidentielle de 2022, Emmanuel Macron a introduit ce thème dans son programme. Réélu pour un second mandat, il a lancé, en octobre 2022, une consultation citoyenne sur la fin de vie, qui s'est prononcée en mars en faveur d'une aide active à mourir. A la suite de ces conclusions, Emmanuel Macron a annoncé qu'un projet de loi devrait voir le jour avant la fin de l'été

Jacqueline Jencquel aurait-elle salué cette décision ? "Je me bats pour les libertés individuelles et pour la possibilité qu'on ne me dicte pas, à moi, jusqu'à quand je dois vivre et mourir, explique-t-elle dans le documentaire. La vieillesse est inévitable, la mort est inévitable, la souffrance ne l'est pas."

* Le documentaire La Mort du loup, réalisé par Tuki Jencquel, est diffusé mercredi 12 juillet à 23h25 sur France 3 et sur la plateforme france.tv. 

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