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Rémunération des enseignants, accompagnement des élèves, reconversion... Ce qui va changer pour la rentrée scolaire de septembre

Le chef de l'Etat était en visite dans l'Hérault jeudi. Il y a fait des annonces pour "poursuivre la transformation de l'école publique".
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Emmanuel Macron et Pap Ndiaye sont en visite à Ganges (Hérault), le 20 avril 2023. (DANIEL COLE / POOL / AFP)

"Une école qui change." Emmanuel Macron a annoncé, jeudi 20 avril, une "hausse inconditionnelle" de salaire de 100 à 230 euros net mensuels pour les enseignants. Lors d'un déplacement dans l'Hérault, il s'est entretenu avec des professeurs, des élèves et des parents d'élèves, évoquant plusieurs changements pour la rentrée scolaire de septembre 2023. Le ministère de l'Education a ensuite publié des précisions sur ces évolutions, en faveur de "la réussite de nos élèves et la reconnaissance de nos professeurs", a fait valoir le ministre Pap Ndiaye. Franceinfo vous résume ce qu'il faut en retenir.

Une hausse de la rémunération des enseignants

Ces annonces étaient attendues depuis plusieurs semaines par la communauté éducative. Comme évoqué en juin 2022 par Pap Ndiaye, le ministère a confirmé jeudi que tous les enseignants seraient rémunérés plus de 2 000 euros net par mois, et ce, dès leur titularisation. Les hausses comporteront une part versée à tous et une part pour les professeurs qui accepteront de nouvelles missions sur la base du volontariat.

>> Revalorisation des salaires des enseignants : combien sont-ils payés (et pour combien d'heures) ?

La revalorisation "socle", sans condition, à partir de septembre, sera pour tous les niveaux de carrière et comprise "entre 100 et 230 euros par mois" net, a expliqué Emmanuel Macron. Dans le détail, les indemnités que touchent tous les enseignants pour le suivi des élèves (réunions de parents, conseils de classe...) seront "doublées", a précisé le ministère de l'Education.

La prime d'attractivité sera, elle, revalorisée pour les 15 premières années de carrière. Les enseignants stagiaires la percevront désormais, portant leur hausse de rémunération à 160 euros net par mois. Le passage au deuxième grade de la carrière (la "hors classe", après 20 ans) sera en outre facilité (5 000 promotions supplémentaires dès 2023). L'accès au troisième grade ("classe exceptionnelle", après 25 ans de carrière) sera aussi facilité et élargi (3 000 promotions supplémentaires en 2023).

L'autre partie de l'augmentation des rémunérations sera liée à de nouvelles missions et basée sur le volontariat, dans le cadre du "pacte" proposé par le gouvernement aux enseignants. Cette partie "permettra à des enseignants de toucher jusqu'à 500 euros [net] par mois en plus" au total, a déclaré le chef de l'Etat (montant pour les professeurs en début de carrière qui s'engageront dans trois missions complémentaires, selon le ministère).

Cette idée, évoquée dès la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron il y a un peu plus d'un an, avait été accueillie avec circonspection sur le terrain, et toutes les organisations syndicales avaient claqué la porte des négociations en mars, refusant le "travailler plus pour gagner plus". Elles n'ont pas mieux accueilli les annonces faites jeudi, jugées par le Snes-FSU comme "très loin des promesses" du chef de l'Etat. "Pour augmenter tous les professeurs de 10% sans nouvelle mission, il fallait mettre 3,6 milliards sur la table", estime auprès de franceinfo Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat majoritaire des collèges et lycées. Or l'enveloppe pour la hausse sans condition est chiffrée à 2 milliards d'euros par le ministère.

Un meilleur accompagnement des élèves

Plusieurs mesures d'accompagnement vont être mises en place à la rentrée. Le soutien va être "renforcé" pour les élèves en difficulté à l'école primaire. Puis, en sixième, "des sessions hebdomadaires de soutien ou d’approfondissement en français ou en mathématiques et des ateliers d'accompagnement au travail personnel (Devoirs faits)" seront obligatoires. Les "stages de réussite lors des vacances scolaires", qui existent déjà, seront également proposés en plus grand nombre aux familles volontaires. Ces missions seront rémunérées dans le cadre du "pacte".

Le remplacement plus rapide des enseignants absents dans le secondaire

"Tout au long de l'année, les collégiens et les lycéens perdent plusieurs dizaines d'heures d'enseignement, notamment en raison d'absences de courte durée non remplacées", déplore le ministère dans son document de présentation. Face à ce constat, Emmanuel Macron a promis, lors de son allocution télévisée, lundi soir, un "remplacement systématique des enseignants absents". Chantier "ultraprioritaire" pour le ministère, dès la rentrée, les remplacements de courte durée en collège et lycée feront partie des missions volontaires proposées qui donneront lieu à une rémunération supplémentaire dans le cadre du "pacte".

Pap Ndiaye a expliqué vendredi sur France Inter qu'il tablait sur "un petit tiers de professeurs volontaires" pour effectuer ces remplacements et a précisé que c'était l'absence, et pas forcément la matière enseignée, qui serait remplacée. "Nous développons un logiciel pour permettre aux établissements de savoir instantanément qui est disponible pour remplacer un professeur", a assuré le ministre. Ce système sera mis en place à la rentrée, "pour être systématique à partir de la fin septembre et dans le courant de l'automne", a-t-il précisé, "le temps que les choses se mettent en place, que les enseignants signent leur lettre de mission, qu'ils signalent leur volonté. Nous mettrons en place un certain nombre de moyens techniques et informatiques pour que cela se passe de la manière la plus harmonieuse possible."

Concernant le remplacement des absences dans le premier degré (maternelle et élémentaire), "c'est moins crucial", a estimé Pap Ndiaye. Le ministère a cependant déclaré jeudi que les "brigades de remplacement" (remplaçants intervenant sur un département, pour des durées plus ou moins longues) seraient augmentées "de 400 postes pour la rentrée 2023, à ce stade".

Une incitation aux reconversions vers l'enseignement

Dans son document de présentation, le ministère met également en avant "des perspectives améliorées aux personnes qui souhaitent se reconvertir au cours de leur vie professionnelle" pour se tourner vers l'enseignement. A partir de la rentrée de septembre, les expériences professionnelles antérieures seront davantage considérées lors des concours d'entrée. Si, depuis 2022, elles étaient prises en compte "à hauteur de deux tiers de leur durée pour déterminer l’échelon de départ" et la rémunération, pour un candidat ayant cinq ans d'expérience dans le privé, il en sera désormais de même pour les candidats moins expérimentés ou ceux venant du public.

Une meilleure communication sur les dispositifs contre le harcèlement

Afin de mieux lutter contre le harcèlement scolaire, les numéros d'urgence seront inscrits dans les carnets de correspondance dès la rentrée prochaine. "La communication des numéros d'urgence 3018 – la ligne d'appel nationale des situations de cyberharcèlement – et 3020 – un numéro d'écoute et de prise en charge au service des familles et des victimes – sera systématisée à chaque rentrée scolaire dans les carnets de correspondance et autres supports numériques", précise le site du ministère de l'Education.

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