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Révision des programmes scolaires : "Un sujet explosif pour un ministre"

Un Conseil supérieur des programmes vient d'être créé par Vincent Peillon. Objectif: revoir les enseignements dispensés aux élèves. Marie Duru-Bellat, sociologue, revient sur cette question qui provoque régulièrement des débats tendus.

 
Article rédigé par franceinfo - Jéromine Santo Gammaire
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (© PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS / X00234)

Le ministre de l’Education a mis en place, jeudi, un Conseil supérieur des programmes. Déjà modifiés en 2002, puis en 2008 par le ministre de l'époque, Xavier Darcos, les programmes scolaires des écoliers et des collégiens sont une nouvelle fois étudiés, afin de procéder à d'éventuels changements. Pour Vincent Peillon, il s’agit de plancher sur des programmes "plus efficaces" afin de lutter contre l’échec scolaire en France. Marie Duru-Bellat, sociologue de l’Education et professeur à Sciences Po, estime, elle, qu’il est normal de "faire un point régulièrement" à ce sujet.

Pourquoi créer un Conseil supérieur des programmes ?

Marie Duru-Bellat : Ce n’est pas fondamentalement nouveau. Il en a déjà existé plusieurs par le passé. Il faut un conseil pour que le débat ne reste pas trop fermé. Pour la première fois, six des dix-huit membres représenteront la société civile (trois sénateurs et trois députés). Je trouve que c'est légitime, la nation a son mot à dire.

Et puis, il y a forcément aussi un aspect politique, chaque ministre de l’Education veut faire sa réforme. Mais il s'agit d'un sujet explosif sur lequel on peut facilement se brûler. Par le passé, plusieurs ministres ont dû quitter leur poste après la mise en place de réformes impopulaires. En même temps, un gouvernement qui ne ferait rien serait mal jugé.

Les programmes actuels sont-ils inadaptés ? Pourquoi les changer ?

Les programmes sont toujours une source de conflits internes à la profession d'enseignant. A l'école primaire, le débat est tout de même moins profond et moins vif car il s’agit des enseignements élémentaires. L’Etat, les enseignants, les parents... Personne n’est jamais content. Le taux d’échec scolaire en France est assez élevé et, à l’arrivée au collège, il y a toujours un pourcentage important d’élèves qui n’a pas intégré les bases. Les professeurs, eux, trouvent qu’on ne les consulte pas assez, que les programmes sont lourds, inadaptés aux élèves. Quant aux parents, certains râlent parce qu’ils ne reconnaissent pas dans les cahiers de leur enfant ce qu’ils ont eux-mêmes appris au même âge. Mais cela ne me choque pas, je pense qu’il est important de faire un point régulièrement sur les programmes.

Et puis, les programmes changent ne serait-ce que parce que le cadre législatif change. Par exemple, la récente loi de refondation de l’école met l’accent sur l’égalité hommes-femmes. Il faudra voir comment cela va se traduire dans des matières comme l’histoire ou les sciences économiques et sociales. 

Comment les changements de programmes sont-ils transposés concrètement dans la classe ?

Ils se traduisent dans les manuels dont se servent les enseignants. Ceux-ci doivent les suivre, mais n’y parviennent pas toujours parce que les programmes sont trop chargés. Mais les examens de fin de cycle permettent tout de même de s’assurer que l’ensemble du programme a été appris. Néanmoins, on sait que lorsque les élèves sont trop faibles, les enseignants adaptent leurs leçons. Nos programmes sont adaptés aux bons élèves, cela pose donc forcément des problèmes avec les autres.

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