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Méthode syllabique, dictée quotidienne... Ce qu'il faut retenir des conseils de Blanquer aux enseignants du primaire

Le ministère de l'Education nationale publie quatre circulaires de recommandations sur l'apprentissage de la lecture, de la grammaire et du calcul.

Article rédigé par franceinfo
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Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, face aux élèves de l'école primaire Daniel-Faucher, à Toulouse, le 24 novembe 2017. (MAXPPP)

Le ministre Jean-Michel Blanquer les a écrites lui-même. L'Education nationale publie, jeudi 26 avril, quatre circulaires destinées aux enseignants de l'école primaire, qui détaillent des recommandations très précises sur la meilleure manière d'apprendre les bases de la lecture, de la grammaire et du calcul. Les professeurs recevront aussi des livrets de 130 pages sur "l'apprentissage de la lecture au CP". Si le ministre de l'Education se défend, dans une interview au Parisien (article payant), de faire appel aux "méthodes de la IIIe République", ses conseils marquent un retour aux sources qui ne plaira pas forcément à tous les enseignants soucieux de leur liberté pédagogique. L'abandon de toute trace de la méthode globale dans l'apprentissage de la lecture est notamment recommandé. Franceinfo résume ces propositions.

Un planning quotidien très précis

Les extraits, que dévoile Le Parisien, des quatre circulaires et du guide pédagogique adressés aux enseignants donnent des repères stricts et précis pour l'organisation d'une journée de cours à l'école primaire. "Les exercices d'écriture ont une durée quotidienne de deux fois quinze minutes", écrit le ministère, et s'y ajoute une dictée de dix à quinze minutes par jour. Les enseignants devront aussi "consacrer au moins trois heures par semaine à un enseignement structuré de la langue", c'est-à-dire à des leçons spécifiques de grammaire et de vocabulaire, réparties chaque jour de la semaine. "Aujourd’hui, la leçon de grammaire existe dans certains cahiers d’élèves et dans d’autres pas, affirme Jean-Michel Blanquer au Parisien. Les premiers ont de la chance, les seconds non."

Les textes recommandent également deux séances de lecture quotidienne. Enfin, les élèves devront aussi passer au moins quinze minutes par jour à pratiquer le calcul mental.

Des objectifs pour l'apprentissage des bases

Les circulaires publiées jeudi précisent quelques objectifs à atteindre pour tous les élèves, et pas seulement en élémentaire. Dès la fin de la grande section de maternelle, les enfants doivent savoir compter jusqu'à 30, estime le ministère, qui recommande pour cela l'apprentissage de comptines comme Un, deux, trois nous irons au bois. Et, à la fin du CP, les élèves devront connaître par cœur les tables d'addition. Ils devront aussi maîtriser parfaitement l'écriture de toutes les lettres minuscules. Enfin, la lecture a aussi ses objectifs chiffrés : "Du CP au CE2, de cinq à dix œuvres sont étudiées par année scolaire", tranche une des circulaires.

En lecture, priorité à la méthode syllabique

Avec ces recommandations, Jean-Michel Blanquer s'aventure dans un grand débat, celui des méthodes d'apprentissage de la lecture. Face à la méthode globale, qui préconise d'apprendre des mots entiers, il tranche très clairement pour la méthode syllabique, fondée sur le déchiffrage des lettres et des syllabes, quand bien même beaucoup d'enseignants mêlent aujourd'hui les deux. "Entre quelque chose qui ne marche pas – la méthode globale – et quelque chose qui fonctionne – la syllabique –, il ne peut y avoir de 'compromis'  mixte", explique le ministre au Parisien, estimant que la recherche a tranché la question. "Créer chez l’enfant le réflexe de photographier l’image d’un mot ou de le deviner par son contexte est une très mauvaise habitude, poursuit-il. Cela peut avoir un impact assez grave pour la suite de sa scolarité."

Le guide sur l'apprentissage de la lecture au CP, que Jean-Michel Blanquer explique avoir élaboré avec l'expertise du conseil scientifique du ministère, érige comme "prioritaire" le temps consacré au travail sur le "code", le déchiffrage des lettres et des syllabes. Ce que l'on appelle traditionnellement le B.A.-BA. Les profs sont appelés à ne pas se contenter de faire lire aux élèves des phrases simples, mais aussi "des phrases résistantes qui permettent d’exercer la compréhension immédiatement après le déchiffrage. Exemple : Rassasié, le chat s’assoupit sur le tapis.Enfin, les textes du ministère recommandent "un entraînement spécifique (...) par petits groupes d’élèves" pour aider les enfants qui auraient un retard sur la lecture.

Des méthodes et un matériel uniformisés

Le ministère ne se contente pas de se mêler du planning et des méthodes des enseignants. Les conseils donnés vont jusqu'au choix du cahier : le guide d'apprentissage de la lecture conseille aux enseignants le format 17x22 cm à "réglure Séyès", c'est-à-dire des grands carreaux et une marge rouge à gauche.

Jean-Michel Blanquer espère aussi voir "la fin progressive des photocopies" de textes distribués aux élèves pour apprendre la lecture. Le guide préconise de les remplacer par un traditionnel manuel de lecture, "trop peu présent dans les classes", qui serait choisi selon des recommandations du ministère, en éliminant la méthode mixte au profit de la méthode syllabique. Le ministre de l'Education explique qu'un travail ultérieur sera mené "dans le cadre d’un dialogue entre le ministère et les éditeurs". "Je recommande vivement l’existence d’un manuel pour tous les élèves, explicite, linéaire, clair, estime-t-il. Il est un lien fondamental entre le maître et la famille, en permettant aux parents de suivre l’évolution de leur enfant." 

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