Lecture : pourquoi le niveau des écoliers français ne cesse de reculer
Une étude montre que les élèves français comprennent de moins en moins ce qu'ils lisent et prennent du retard face à leurs camarades européens.
Le constat est sans appel. Les élèves français comprennent de moins en moins ce qu'ils lisent, selon la dernière enquête Pirls (Progress in International Reading Literacy Study), réalisée en 2016 dans 50 pays. L'étude, menée en France auprès d'élèves de CM1 et dévoilée mardi 5 décembre, montre que les écoliers français sont en queue de peloton par rapport aux autres pays européens. Pire : avec un score de 511 points, leurs résultats sont en baisse de 9 points par rapport à la précédente enquête, en 2011. Pourquoi les résultats sont-ils aussi médiocres ? Franceinfo se penche sur les raisons possibles de cet échec.
En classe, pas assez d'activités liées à l'écrit
L'étude Pirls révèle que les enseignants français ne proposent pas suffisamment d'activités susceptibles "de développer leurs stratégies et leurs compétences en compréhension de l’écrit". En moyenne, l’écart sur l’ensemble de ces activités est de -15%, mais il peut aller du simple au double, note l'étude. Ainsi, 41% des élèves français sont sollicités au moins une fois par semaine pour "comparer ce [qu'ils] ont lu à des faits qu’ils ont vécus", alors que c'est le cas de 82% des autres élèves européens.
Pour améliorer la compréhension, certains spécialistes suggèrent de travailler cet aspect très en amont, dès l'école maternelle. "Une simple lecture à voix haute 'offerte' par la maîtresse, comme on le voit souvent, ne sert à rien. Il faut travailler avec les élèves sur le sens", explique Sylvain Connac, chercheur à l'université Paul-Valéry de Montpellier, interrogé par Le Parisien. A savoir : leur demander de commenter une histoire ou de décrire les images vues sur un album.
Des enseignants pas assez formés
Les stages, ateliers et autres séminaires restent trop souvent l'exception pour les enseignants français. Interrogés sur leur éventuelle participation à une formation professionnelle en lecture-compréhension au cours des deux dernières années, ils mettent en évidence un développement professionnel restreint par rapport aux autres pays, note l'étude. Ainsi, 38% des élèves français ont des enseignants qui n’ont participé à aucune formation, contre 22% en moyenne pour les autres pays européens.
Quant à la formation initiale, réintroduite lors du dernier quinquennat après avoir été supprimée par Nicolas Sarkozy, elle souffre d'importantes disparités d'une académie à l'autre.
Des réformes qui s'empilent
Les ministres passent, au gré des alternances politiques, mais aucun n'a encore trouvé le remède miracle pour endiguer la chute des résultats en lecture. Les réformes, souvent empreintes d'idéologie, s'accumulent et se contredisent les unes les autres. Parmi les symboles de ces guerres idéologiques, on trouve le débat, jamais réglé, entre "méthode syllabique" et "méthode globale" pour l'apprentissage de la lecture.
En réaction aux résultats préoccupants de l'étude Pirls, le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a rappelé ce mardi les mesures prises par le gouvernement pour "maîtriser le français", avec notamment l'ambition de faire effectuer "une dictée par jour" à l'école élémentaire. "Nous ne pouvons pas nous résoudre à ce que, enquête après enquête, la France glisse vers les profondeurs des classements", explique le ministre. Mais il faudra certainement bien plus pour inverser une tendance qui dure depuis vingt ans.
Un défaut de sensibilisation de la part des parents
Il n'y a pas qu'à l'école que se nouent les problèmes de difficulté d'apprentissage de la lecture. L'étude Pirls montre l'impact important de l'environnement familial. Sans surprise, les enfants dont les parents ont démarré "des activités d'alphabétisation dès leur plus jeune âge sont mieux équipés" pour la lecture, notamment une fois arrivés à l'école primaire.
L'attitude des parents vis-à-vis de la lecture a une grande importance dans les apprentissages à un niveau élevé. Lorsque les parents sont bons lecteurs et aiment la lecture, leurs enfants en général vont dans ce sens-là, insiste Claude Lelièvre, historien de l'éducation, interrogé par franceinfo. Et justement, la tendance est inquiétante. L'étude note ainsi une "diminution de l'attitude positive des parents envers la lecture depuis 2011 dans 31 pays". Concrètement, de moins en moins de parents lisent et 17% des parents des élèves interrogés n'aiment pas lire.
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