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Le niveau des écoliers en lecture baisse encore, la France tombe à la 34e place d'un classement de 50 pays

Résultats médiocres pour les écoliers français : la dernière enquête Pirls qui compare les systèmes éducatifs de 50 pays les place à la 34e place en compréhension de lecture. Seuls, la France et les Pays-Bas régressent en quinze ans.

Article rédigé par franceinfo, Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Une classe d'école primaire, le 4 septembre 2017 à Quimper, dans le Finistère.  (FRED TANNEAU / AFP)

La dernière enquête Pirls (Progress in International Reading Literacy Study), réalisée en 2016 dans 50 pays et dévoilée mardi 5 décembre, montre les très faibles performances en lecture des élèves français scolarisés en CM1. La France est très loin derrière le peloton de tête emmené par la Russie, Singapour et Hong-Kong.

Il a été demandé aux élèves de ces 50 pays de lire 12 textes courts, soit des histoires, soit des articles, dont le vocabulaire était adapté à leur âge. Les chercheurs n'ont pas uniquement observé si les élèves savaient lire ces textes, mais aussi s'ils savaient les comprendre, les interpréter... Le résultat est très médiocre pour les écoliers français.  

La France, seul pays avec les Pays-Bas à régresser en quinze ans

Les écoliers français se classent 34e sur 50 en compréhension en lecture, avec 511 points. Ils sauvent tout juste l'honneur, en dépassant de peu le dernier pays européen, la Belgique francophone (497 points). L'étude Pirls existe depuis 2001, et en quinze ans, avec les Pays-Bas, la France est le seul pays qui a régressé dans ce classement.

"Ce ne sont pas des résultats dignes de notre pays", a commenté le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer lors d'une conférence de presse. "Notre pays devrait être dans les tout premiers en Europe. Il l'a été ; il va le redevenir", a ajouté le ministre. Jean-Michel Blanquer s'est dit inquiet de ce classement : "Nous ne pouvons pas accepter ces chiffres, car derrière la froideur de ces chiffres, il y a des trajectoires humaines, il y a des inégalités sociales, il y a en réalité l'échec des plus modestes, car la difficulté à lire et à écrire à l'entrée au collège signifie le décrochage scolaire et, in fine, le chômage des jeunes. On ne peut donc pas s'y résoudre", a-t-il martelé.

Lors de la précédente étude en 2011, réalisée dans 45 pays, dont 23 européens, les élèves français scolarisés en CM1 montraient de faibles performances en lecture. Avec un score de 520 points, la France se situait certes au-dessus de la moyenne internationale (500 points) mais en deçà de la moyenne européenne (534 points). Les résultats pour 2016 montrent les difficultés grandissantes des écoliers français en lecture, après ceux déjà catastrophiques en mathématiques dévoilés par cette même association l'an dernier. Il y a un an tout juste, l'étude TIMSS classait les écoliers français en dessous de la moyenne européenne en mathématiques et en sciences.

La Russie et Singapour dans le top du classement

La Russie (581 points) et Singapour (576 points) surpassent les écoliers des autres pays en lecture. Mais, parmi les autres pays les plus performants, il y a Hong Kong (569 points), l'Irlande (567 points), la Finlande (566 points), la Pologne (565 points) et l'Irlande du Nord (565 points également). L'Afrique du Sud est le dernier du classement avec 320 points.

Les filles meilleures que les garçons dans 48 pays sur 50 

Plus globalement, il y a plus de bons lecteurs au niveau international aujourd'hui qu'il y a 15 ans. Onze pays se sont améliorés de 2001 à 2016. Mais les filles ont obtenu des résultats en lecture supérieurs à ceux des garçons dans 48 des 50 pays qui ont participé à cette étude.

Dans les deux pays restants, il n'y avait pas d'écart entre filles et garçons sur la lecture. L'écart entre les sexes, en matière de lecture, a favorisé les filles depuis 2001 et cela se confirme une nouvelle fois.

Un démarrage précoce de la lecture a des "avantages durables"

Cette étude montre que les bons lecteurs ont des environnements familiaux qui soutiennent l'apprentissage de la lecture. Plus il y a de livres, d'appareils numériques à la maison, de parents éduqués ou qui aiment lire et plus les enfants auront des facilités pour lire. Les enfants dont les parents ont démarré très tôt "des activités d'alphabétisation dès leur plus jeune âge sont mieux équipés" pour la lecture, notamment une fois arrivés à l'école primaire. Et même au-delà puisqu'ensuite, une fois étudiants, ils ont acquis une base solide qui leur permet de comprendre plus facilement des sujets plus compliqués.

Le fait inquiétant est la "diminution de l'attitude positive des parents envers la lecture depuis 2011 dans 31 pays". Globalement, il y a de moins en moins de parents qui lisent dans 31 pays et 17 % des parents des élèves interrogés n'aiment pas lire.

À l’occasion de la présentation de ces résultats très médiocres, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, tiendra une conférence de presse à 11h30, mardi 5 décembre au ministère. Depuis 2001, l’enquête Pirls pilotée par l’IEA (International Association for the Evaluation of Education Achievement) évalue les performances en compréhension de l’écrit des élèves à la fin de leur quatrième année de scolarité obligatoire (CM1 pour la France) et permet de comparer les systèmes éducatifs de 50 pays afin d’améliorer l’enseignement et l’apprentissage de la lecture partout dans le monde, identifier les lacunes, les domaines de faiblesses et mesurer l'impact de nouvelles initiatives. Plus de 319 000 étudiants dans le monde ont participé en 2016 à cette étude internationale sur l'alphabétisation en lecture.

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