Le directeur de l'IUT de Saint-Denis soupçonné de manipulation à visée anti-islamiste
L'homme aurait introduit lui-même des tapis de prière dans le local d'une association étudiante musulmane pour accréditer la thèse d'une emprise islamiste sur son établissement.
Le directeur de l'IUT de Saint-Denis est-il un manipulateur ? En conflit avec deux enseignants, il est soupçonné d'avoir lui-même introduit des tapis de prière dans le local d'une association étudiante musulmane pour accréditer la thèse d'une emprise islamiste sur son établissement, ce qu'il nie.
La police judiciaire (PJ) de Seine-Saint-Denis s'est rendue sur place vendredi 16 octobre. Elle s'est fait remettre plusieurs pièces, notamment des tapis de prière et une bande vidéo, après le dépôt le jour même d'une main courante par la direction de l'université Paris 13, dont l'IUT dépend, selon une source proche du dossier.
Un différend pour "détournement de fonds publics"
Depuis près de deux ans, l'IUT est secoué par une violente crise interne qui oppose son directeur, Samuel Mayol, à deux enseignants du département "techniques de commercialisation". Avec le renfort de l'association Anticor, qui a porté plainte récemment pour "détournement de fonds publics", Samuel Mayol les accuse d'avoir été indûment rémunérés pour des milliers d'heures de cours qu'ils n'ont en réalité pas assurées.
Il leur reproche également d'avoir laissé l'association étudiante L'Ouverture faire du prosélytisme religieux, en vendant sans autorisation des sandwiches halal et en dissimulant des tapis de prière. Depuis qu'il a dénoncé ces dysfonctionnements supposés, ce partisan d'une interdiction du voile à l'université affirme être l'objet de menaces de mort et d'agressions – la dernière date du 10 octobre – sans que la PJ ait pu jusqu'à présent en identifier les auteurs.
Une fausse alerte à la bombe
Selon le texte de la main courante consultée par l'AFP, l'université soupçonne le directeur d'avoir lui-même placé une vingtaine de ces tapis dans le local le 6 octobre, afin d'accréditer la thèse d'une offensive islamiste rampante permise par la complicité des deux enseignants, qui sont d'origine maghrébine. Alors que le local était fermé depuis le 24 juillet, une responsable de l'université a eu la surprise mercredi d'y découvrir "la présence de plusieurs tapis de prière supplémentaires".
Cette découverte a été faite lors d'un état des lieux organisé par Samuel Mayol qui, dans un courriel adressé le 6 octobre à des membres du personnel, leur a demandé de réaliser un inventaire précis et de prendre des photos. La direction pense que Samuel Mayol n'en est pas à son coup d'essai et qu'il pourrait être derrière une fausse alerte à la bombe en février 2014 qui avait conduit la police à pénétrer dans le local et à y constater déjà la présence de tapis religieux.
Le directeur dénonce une "manipulation abjecte"
A l'appui de ses accusations, la direction de l'université Paris 13 s'est notamment fondée sur l'exploitation des données du lecteur de badge qui commande l'ouverture de la porte du local et des images de la vidéosurveillance des couloirs de l'IUT. Sur ces images, on voit Samuel Mayol entrer dans le local avec une sacoche rouge en bandoulière et un sac blanc à la main et en ressortir avec sa seule sacoche rouge. "Je démens totalement avoir mis quoi que ce soit dans le local de L'Ouverture", a réagi l'intéressé auprès de l'AFP, se disant victime d'une "manipulation abjecte".
Il s'est bien rendu dans le local le 6 octobre mais pour "y éteindre la lumière". Quant au sac, il contenait des "tee-shirts" qu'il a déposés devant la porte du "bureau du sport" mitoyen. "Il faut savoir que les deux portes sont accessibles par un sas et que les caméras ne montrent que l'entrée du sas", a-t-il argué. "Je ne comprends pas pourquoi la présidence [de l'université] s'évertue à vouloir minimiser les activités illégales de cette association qu'elle semble bien protéger", a ajouté le directeur.
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