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Investissement, jours d'école... Quatre choses à retenir du rapport de l'OCDE sur le système scolaire français

L'Organisation de coopération et de développement (OCDE) a passé au crible une trentaine d'indicateurs sur les systèmes éducatifs dans 35 pays membres ou partenaires.

Article rédigé par franceinfo
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Des lycéens lors de l'épreuve de philosphie du baccalaureat, au lycée Moulin-Joli à la Possession (La Réunion), le 15 juin 2016. (RICHARD BOUHET / AFP)

La France peut faire mieux en matière d'éducation. L'Hexagone paie mal ses professeurs des écoles, n'investit pas assez dans le secteur primaire et garde le record du plus faible nombre de jours d'école dans l'année, selon le dernier rapport de l'OCDE, intitulé "Regards sur l'éducation 2016" et publié jeudi 16 septembre.

Chaque année, l'Organisation de coopération et de développement économique passe au crible une trentaine d'indicateurs (temps d'instruction, salaires des profs, budget consacré à l'éducation...). L'édition 2016 porte sur les 35 pays membres et des pays partenaires. Franceinfo a retenu cinq éléments de ce rapport.

1La France paie mal ses professeurs des écoles

Les enseignants du primaire français touchent un salaire, primes comprises, inférieur de 12% à la moyenne de l'OCDE, selon le rapport. Ce chiffre ne tient pas compte de la récente augmentation de 800 euros de la prime versée aux enseignants du primaire. "Les salaires dans le primaire demeurent peu attractifs en France, estime Corinne Heckmann, analyste à l'OCDE, citée par Ouest-France. Ils perçoivent 76% du salaire d’un autre actif diplômé de l’enseignement supérieur." 

Un élément peut expliquer ce retard salarial : la France se distingue par un corps enseignant plus jeune que chez certains de ses voisins, avec 26% d'instituteurs âgés de moins de 50 ans. L'écart avec la moyenne des pays de l'OCDE se réduit à 2% pour les professeurs du collège, et au lycée les salaires dépassent très légèrement la moyenne. Les salaires des enseignants en France restent très éloignés des rémunérations accordées au Luxembourg, en Autriche, en Belgique et en Allemagne.

2L'investissement pour l'école primaire en berne

En termes de dépenses dans l'Education, la France se situe dans la moyenne de l'OCDE avec 5,3% du PIB (dépenses publiques et privées). Mais dans cette enveloppe globale, la France a consacré un investissement "plutôt faible" à l'école primaire, avec, en 2013, seulement 7 200 dollars (environ 6 400 euros) par élève et par an contre 8 500 dollars (7 500 euros) en moyenne dans l'OCDE. Pour le collège, la France fait aussi bien que ses voisins avec 9 950 dollars (8 850 euros) par élève et par an contre 9 980 dollars (8 880 euros) dans l'OCDE.

La France consacre, en revanche, un investissement "très élevé" au lycée avec 13 600 dollars (12 100 euros) par élève et par an contre 10 000 (8 900 euros) dans les pays développés. Pour l'enseignement supérieur, le coût annuel par étudiant s'établit à 16 200 dollars (14 400 euros) dans l'Hexagone, contre 15 200 (13 500 euros) pour la moyenne des pays de l'OCDE.

La loi sur l'école de 2013 de l'ancien ministre de l'Education, Vincent Peillon, a instauré "la priorité au primaire", période où s'installent les difficultés et inégalités. Lors de la conférence de rentrée scolaire, sa successeure, Najat Vallaud-Belkacem, a pourtant défendu un rééquilibrage des dépenses en faveur du premier degré, chiffres plus récents à l'appui, avec une dépense annuelle par écolier en hausse de 12,5%, atteignant 6 500 euros en 2017 contre 5 800 euros en 2012.

3Un record sur le faible nombre de jours d'école

Après la réforme des rythmes scolaires en primaire, étalée sur les rentrées 2013 et 2014, la France reste "le pays avec le plus petit nombre de jours d'école" annuels, prévient Eric Charbonnier, spécialiste de l'éducation à l'OCDE. Les élèves français passent 162 jours par an à l'école en primaire et lors du premier cycle du secondaire, loin de la moyenne de 185 jours dans l'OCDE. A titre de comparaison, les écoliers allemands ont 188 jours d'école par an, les Italiens et les Danois 200.

En revanche, en nombre d'heures passées à l'école la France est à peu près dans la moyenne de l'OCDE. Mais au-delà du débat sur le nombre d'heures, il s'agit de s'interroger sur le contenu des cours. "Il serait temps de passer à un débat qualitatif et de repenser ce qu'on peut faire en termes d'éducation avec cette matinée supplémentaire [liée à la réforme des rythmes scolaires], estime Eric Charbonnier. Il faudrait mieux répartir les apprentissages, trouver du temps pour s'occuper des élèves en difficulté".

4Les universités de plus en plus financées par des fonds privés

Entre 2008 et 2013, les financements privés en faveur des universités et des grandes écoles ont progressé de près de 25% en France. Même si les financements publics restent largement majoritaires en France, le privé assure pas moins de 20% des dépenses destinées à l'enseignement supérieur. La France reste cependant bien loin des Etats-Unis, de l'Australie, de la Corée du Sud ou du Japon, où les fonds privés représentent la moitié des dépenses destinées à l'enseignement supérieur. 

Cette tendance est notamment due à la hausse des frais d'inscription. Ces dernières dépenses sont généralement assumées par les familles. Selon l'OCDE, les étudiants ont également de plus en plus recours aux prêts bancaires pour financer leur cursus. Le phénomène n'est pas propre à la France et il entraîne une croissance de l'endettement des jeunes entrant dans la vie active.

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