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Début des consultations sur l'enseignement des mathématiques au lycée : "Le déséquilibre du tronc commun est trop flagrant"

Le ministre de l'Education nationale a créé un comité de consultation chargé de réfléchir à des améliorations sur l'enseignement des mathématiques. Comment perçoit-on cette évolution de l'enseignement de cette matière dans les établissements scolaires ?

Article rédigé par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Dans une classe d'un lycée à Poitiers, le 17 juin 2021. Photo d'illustration. (JEAN-FRANCOIS FORT / HANS LUCAS)

Les consultations au sujet de l'enseignement des mathématiques au lycée démarrent mercredi 23 février. Il s’agit d’un premier rendez-vous du comité d'experts, mis sur pied par Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Éducation, avec l'association des professeurs de mathématiques (APMEP). Ce comité est censé rendre ses conclusions à la mi-mars pour répondre aux critiques sur la place des mathématiques au lycée depuis la réforme, mise en place en 2019.

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Depuis cette réforme, les mathématiques ne sont plus obligatoires à partir de la première. Elles ne sont enseignées à part entière que si l'élève choisit la spécialité. La première conséquence que Mickaël a vue, dans son lycée de 500 élèves à Tonnerre, dans l'Yonne, est la baisse du volume horaire des cours de maths : "En classe de terminale, on n’a plus qu’une classe de spécialité maths, contrairement à avant, où il y avait trois classes de terminale S et deux classes économiques et sociales. Donc, il y a eu quand même une grosse déperdition d’élèves qui suivent les mathématiques." Avec une répercussion directe sur les enseignants : "Dans mon établissement on était cinq enseignants 'et demi' avant la réforme, on n'est plus que trois 'et demi'. Il y a eu deux suppressions de poste en deux ans et demi."

Un retour des maths dans le tronc commun ?

Les classes sont aussi plus hétérogènes, note ce professeur, avec des niveaux très différents, voire carrément en baisse, relève pour sa part Youssef. Il enseigne dans les environs de Rouen : "Tous les ans je suis obligé d’aller chercher des notions un peu loin vers le collège pour qu’ils puissent suivre ce qu’on fait. Il y a un désintérêt aux mathématiques qui m’inquiète un peu. On est dans une impasse." Pour ce professeur, les mathématiques sont nécessaires à d'autres disciplines, comme la physique, l'économie ou la sociologie. C'est pour cela qu'il souhaiterait par exemple créer une nouvelle spécialité de maths appliquées, moins pointue.

Autre proposition, retrouver un enseignement à part entière des mathématiques dans le tronc commun. "Un vrai enseignement de deux heures, propose Frédérique, professeur près de Toulouse. Il ne s’agit pas de faire que des maths, il n’en est pas question. Mais le déséquilibre du tronc commun est trop flagrant." Aujourd'hui l'enseignante pointe des inégalités dans les choix des élèves qui dépendent beaucoup de la connaissance des familles des études après le baccalauréat : "Ceux qui choisissent les maths sont ceux qui sont le mieux entourés, qui baignent dans une culture scientifique ou économique. Il y a là une vraie inégalité, qui n'était pas aussi visible auparavant."

"On ne va pas regretter les anciennes filières, qui avaient beaucoup de défauts, mais il y a des choses à revoir sur la réforme. Il faudrait, estime Frédérique, faire une vraie place à l'enseignement des mathématiques. Et pas uniquement à travers les sciences."

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