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Vidéo Des "relecteurs en sensibilité" dans les maisons d'édition américaines

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"Cancel culture" : des maisons d'édition américaines font appel à des "sentitivity readers", ou "relecteurs en sensibilité"
"Cancel culture" : des maisons d'édition américaines font appel à des "sentitivity readers", ou "relecteurs en sensibilité" "Cancel culture" : des maisons d'édition américaines font appel à des "sentitivity readers", ou "relecteurs en sensibilité"
Article rédigé par France 2
France Télévisions

Aux Etats-Unis, les maisons d'édition sont de plus en plus confrontées au mécontentement de lecteurs issus de la "diversité" qui s'estiment mal représentés, voire offensés. Pour y remédier, un nouveau métier est né : celui de "sensitivity reader". Est-ce un outil de défense des minorités, ou un instrument de censure ? "Complément d'enquête" a posé la question à une "relectrice en sensibilité".

Dans un pays à vif sur les discriminations raciales, notamment après l'affaire George Floyd, comment être sûr de n'offenser aucun lecteur ? Soucieuses d'éviter le moindre faux pas, les maisons d'édition américaines font aujourd'hui appel à des spécialistes d'un nouveau genre : les "sensitivity readers", en français "relecteurs en sensibilité". Ce sont des consultants dont l'expertise peut être la couleur de peau, mais aussi le genre, ou encore un accident de la vie. Sur son CV électronique, chacun fait valoir son domaine, très précis : identité biraciale, sans-abri, personne en fauteuil roulant...

La mission de ces "sensitivity readers" : repérer les contenus qui seraient de nature à offenser ou blesser les personnes issues de la diversité. Le mouvement de défense des minorités prend de l'ampleur aux Etats-Unis, et ces nouveaux collaborateurs des éditeurs américains semblent avoir de beaux jours devant eux. Au risque de menacer la liberté d'expression ?

Leur mission : traquer les stéréotypes

Pour "Complément d'enquête", la journaliste Lorraine Gublin s'est entretenue avec l'une de ces "relectrices en sensibilité". Jennifer Baker vit à New York. Elle est payée pour relire les livres d'auteurs non noirs dans lesquels apparaissent des personnages afro-américains. Voici comment elle envisage son métier : "Je ne relis que les situations auxquelles je m'identifie. Nous ne savons vraiment pas à quoi ressemble la vie des autres, et donc nous pouvons très bien reproduire des stéréotypes à travers les personnages que nous créons, même si notre intention de départ n'est pas de blesser."

Moi, par exemple, je sais qu'en tant que personne hétérosexuelle, j'ai complètement intégré une grande partie des représentations stéréotypées des personnes queer, parce que les personnes queer ne sont pas très visibles dans les médias et dans les livres

Jennifer Baker, relectrice en sensibilité, New York

à "Complément d'enquête"

Toutes ces précautions ne risquent-elles pas d'aboutir à une forme d'autocensure, et de remettre en cause la liberté d'écriture ? Jennifer Baker y voit plutôt une recherche de rigueur et d'authenticité. Elle "pense que tout le monde peut écrire ce qu'il veut" – ce qui ne dispense pas de "tout faire pour comprendre ce sur quoi on écrit".  

Extrait de "Cancel culture : tu m’offenses, je te censure !", un reportage à voir dans "Complément d'enquête" le 10 juin 2021.

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