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Droits des femmes : beaucoup de candidats à la présidentielle "ne proposent rien ou ont tendance à vouloir revenir en arrière", déplore Osez le féminisme

L'association, qui a formulé plusieurs recommandations aux candidates et candidats, juge notamment que le quinquennat d'Emmanuel Macron "a été un féminisme de façade".

Article rédigé par franceinfo
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Une affiche féministe collée sur un mur à Montpellier, le 22 février 2022. (JEAN-MARC LALLEMAND / MAXPPP)

En matière de droits des femmes, beaucoup de candidats à l'élection présidentielle 2022 "ne proposent rien ou ont tendance à vouloir revenir en arrière", a estimé lundi 8 mars sur franceinfo Alyssa Ahrabare, porte-parole de l'association Osez le féminisme, à la veille de la journée internationale du droit des femmes et alors que huit candidats à l'élection présidentielle 2022 ont fait part lundi soir sur LCI de leurs propositions de campagne en faveur des préoccupations et des attentes des femmes. 

franceinfo : Quel regard portez-vous sur les programmes des candidates et candidats à l'élection présidentielle sur la question des droits des femmes ?

Alyssa Ahrabare : C'est la première élection post #MeeToo. Le droit des femmes est un sujet qui est supposé être essentiel dans notre société. Et pourtant, c'est un sujet qui est absent des programmes de certains candidats et candidates. À Osez le féminisme, on a fait une analyse des programmes des candidates et candidats, d'un point de vue féministe, que ce soit au niveau économique, au niveau de la santé des femmes, de la lutte contre les violences. On s'aperçoit que, à part quelques candidats et candidates, comme par exemple Mélenchon, Hidalgo, qui proposent des mesures concrètes pour lutter contre les violences et pour lutter contre la précarité de certaines femmes, il y a beaucoup de personnes qui, soit ne proposent rien, soit au contraire ont tendance à vouloir revenir en arrière.

Quelle devrait être, selon vous, la priorité des priorités dans un programme pour une élection présidentielle sur ce sujet ?

On a plusieurs recommandations. Mais pour citer un exemple, on a besoin d'un milliard pour la lutte contre les violences intrafamiliales. Sur LCI lorsqu'il a été question des violences, on a beaucoup entendu parler de harcèlement de rue, qui est un problème qui touche l'ensemble des femmes de la société. Mais c'est loin d'être le seul en matière de violences sexistes et sexuelles. Ces violences touchent tous les secteurs, tous les corps de métier, y compris les hautes sphères de la société, y compris en politique. C'est véritablement un sujet qu'il faut traiter à tous les niveaux. Il faut des moyens. Le quinquennat d'Emmanuel Macron, sur cette grande cause, a été un féminisme de façade. On a parlé de féminisme pendant cinq ans. Mais bien souvent, cela a été des effets d'annonces qui n'ont pas été suivis de véritables moyens.

Pourquoi parlez-vous d'un bilan insuffisant ? Est-ce qu'il n'y a pas eu dans ce quinquennat une prise de conscience et une première mise en place de mesures qui n'étaient pas effectives jusqu'à présent ?

Je crois qu'il ne faut pas inverser les mécanismes. Je pense que la prise de conscience n'est pas venue du gouvernement. Elle est venue de la société. Elle est venue des femmes et des associations féministes. Elle est venue notamment avec #MeToo. Les victoires féministes de ces cinq dernières années ont été véritablement arrachées par les associations. Il a fallu se battre contre des effets d'annonces insuffisantes, dénoncer le manque de moyens sur des mesures qui étaient annoncées mais sans être suivies d'une application concrète. On a une concentration des sujets qui concernent le féminisme, qui effectivement font parler, que ce soit le voile ou le harcèlement de rue. Mais les violences familiales, les violences économiques, ces questions-là sont encore largement invisibilisées.

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