Devant la recrudescence des règlements de comptes par balles liés au trafic de drogue, le maire de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) a décidé de mettre le paquet. Vingt-cinq recrues, dont plusieurs anciens légionnaires, équipés de flash-balls et de caméras, forment la nouvelle police municipale. Une police qui coûte cher à la ville : 1,7 million d'euros cette année, trois fois plus qu'en 2016. Pour quel résultat ? Extrait de "Complément d'enquête"."Il faudra faire attention, le quartier est assez tendu. Il y a peu de temps, on a pris des projectiles." Briefing de l'équipe, checking du matériel, et départ en opération. Raphaël Tresanini s'est fait embarquer avec la patrouille ce soir-là. La "présence d'individus consommant des stupéfiants" est vite signalée."Artena derrière !"Première opération de la soirée : un "four" (un gros point de deal) qui a pignon sur rue depuis une dizaine d'années. Deux policiers s'élancent, dont l'un avec un pitbull en laisse. Mais "l'individu suspect" a été plus rapide : aux cris du guetteur "Artena, derrière !" ("Artena" pour signaler l'arrivée de la police), il a piqué un sprint le long des barres d'immeubles.Premier point contrôlé, premier échec. Le dealer présumé s'est échappé. Les attraper, c'est presque mission impossible à Saint-Ouen. Les réseaux du trafic de drogue se sont adaptés à la nouvelle pression policière. Sur ceux qui restent sur la zone de deal, on ne trouve jamais rien... ni cannabis ni argent. Et les gamins narguent les "Schmitt" : "Vous avez raté !" "C'est mort", conclut le chef. Pas pour tout le monde... A peine le dos tourné, le business reprend. A la barbe des flics, le guetteur s'est remis en place. Du côté des forces de l'ordre, le butin de cette soirée se montera en tout à 200 euros à peine...Extrait de "93 : l'indispensable industrie du shit", diffusé dans "Complément d'enquête" le 14 septembre 2017.