: Vidéo Guerre contre la drogue aux Philippines : confessions d'un tueur à gages

Aux Philippines, deux tiers des homicides sont leur œuvre. Des duos de vengeurs masqués qui sèment la mort à moto dans les rues de Manille. Pour "Envoyé spécial", Pierre Monégier a pu rencontrer deux tueurs à gages qui ne travaillent qu'en "binôme". Sous la surveillance de son collègue, armé et qui ne veut pas être filmé, l'un d'eux va parler. 

Notre homme, masqué par sa cagoule, dit travailler pour un "boss" qui accepte des contrats de clients privés et de policiers. Lui ne connaît que les cibles… et leur prix : 400 euros par tête. Voici son récit.

"Quand on se l'est fait, il n'avait rien sur lui"

"Le dernier, c'était un drogué, qui était aussi un dealer. On l'a ramassé, on l'a emmené avec nous. Mais quand on se l'est fait, il n'avait rien sur lui. Alors, on a placé ce qu'il fallait sur lui. On lui a lié les mains, mis un carton de dealer autour du cou, et on l'a tué d'une balle dans la tête."

Pense-t-il avoir tué des personnes innocentes ? "Comment savoir s'ils sont clean ? Une fois qu'ils sont morts, il est trop tard pour leur demander… De toute façon, à leur visage, on voit tout de suite que ce sont des drogués."

"C'est préventif"

Depuis le début de la guerre contre la drogue, il ne chôme pas : le nombre de contrats qu’il exécute est passé de un ou deux par mois à deux ou trois par semaine, explique-t-il. Toujours en lien avec la drogue.

Prend-il un risque en nous parlant ? Sans doute, mais il veut faire comprendre sa mission au reste du monde : "On rend service à la communauté. On élimine des gens qui font des choses horribles… avant qu'ils ne passent à l'acte. C'est préventif."

Extrait de "Philippines : carnage d'Etat", un reportage de Pierre Monégier et Florian Le Moal, diffusé dans "Envoyé spécial" le 3 novembre 2016.