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Des "salopes" en 1971 aux "fraudeuses" en 2014, ces manifestes des 343 qui ont fait date

"Libération" publie en une le manifeste des 343 "fraudeuses", qui revendiquent avoir eu recours à la procréation médicalement assistée (PMA) illégalement, vendredi 6 juin. Un manifeste qui en rappelle d'autres.

Article rédigé par Carole Bélingard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un millier de femmes manifestent pour exiger "l'avortement et la contraception libres et gratuits", le 25 novembre 1972, à Paris, un après l'appel des 343 "salopes". (AFP)

343 "salopes" en 1971, 343 "salauds" en 2013 et 343"fraudeuses" vendredi 6 juin. En une de Libération, ce sont 343 femmes qui revendiquent avoir eu recours illégalement à la procréation médicalement assistée (PMA). Cet appel vise à réclamer la possibilité pour les couples homosexuels d'avoir recours à la PMA. Ce 343 est devenu un nombre symbolique pour revendiquer ou manifester son désaccord. Francetv info revient sur les trois manifestes des 343.

1 1971 : les 343 "salopes"

En 1971, Le Nouvel Observateur publie sur sa couverture un appel : "la liste des 343 françaises qui ont le courage de signer le manifeste 'je me suis fait avorter'". Marguerite Duras, Françoise Sagan, Jeanne Moreau, Gisèle Halimi font partie des signataires aux côtés de dizaines d'inconnues. Les noms et prénoms de ces femmes sont publiés à côté d'une tribune d'une page rédigée par le MLF (Mouvement de libération des femmes) et titrée : "Notre ventre nous appartient".

Ce manifeste suscite de très nombreux témoignages d'hommes et de femmes faisant part de leurs propres expériences, du commerce des faiseuses d'anges, rapporte Le Nouvel Observateur, de la "ferraille improvisée à la hâte". D'autres réactions sont très virulentes envers l'hebdomadaire qui est taxé d'"ami des putes". Mais trois ans plus tard, en décembre 1974, le Parlement vote la légalisation de l'avortement.

2 2013 : les 343 "salauds"

L'appel en faveur du droit à l'avortement est détourné en octobre 2013 par des hommes dans le magazine Causeur. Ils se nomment les 343 "salauds". Frédéric Beigbeider, Eric Zemmour, Antoine ou encore Périco Légasse, dans un texte intitulé "Touche pas à ma pute", revendiquent le droit d'avoir recours au sexe tarifié. Ce texte intervient alors dans le cadre de la proposition de loi de pénalisation des clients des prostituées.

Cet appel provoque un tollé parmi les associations féministes, de défense des droits de l'homme mai, aussi parmi de nombreux élus de gauche. Certains signataires ont exprimé leurs regrets, comme Nicolas Bedos. En réaction à ce détournement, un site Internet est créé, 343connards.fr. Deux étudiants proposent sur ce site, via un trombinoscope, de tweeter "un mot doux" à ces 343 "salauds".

3 Les 343 "fraudeuses"

C'est un nouveau manifeste de 343 femmes qui est publié en une de Libération, vendredi 6 juin. Elles assument publiquement avoir eu recours à la PMA à l'étranger de manière illégale. Ces 343 "fraudeuses" dénoncent le fait qu'en tant qu'homosexuelles, elles soient exclues de la PMA en France. "Chaque année, des milliers de femmes ont recours à une PMA à l'étranger dans le but de fonder une famille. D'autres le font dans des conditions dangereuses pour leur santé en raison de l'exclusion à laquelle elles sont condamnées", détaille l'appel.

Ecartée des lois sur le mariage pour tous et sur la famille, la PMA reste en France interdite pour les couples homosexuels. Récemment, le tribunal de grande instance de Versailles a qualifié le recours à la PMA par un couple de femmes en Belgique de "fraude à la loi".

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