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Polémique autour de la diffusion d'une campagne télévisée sur la trisomie 21

Le CSA est intervenu auprès de plusieurs chaînes de télévisions après la diffusion d'un clip en faveur de l'accueil des enfants trisomiques, suscitant la colère d'une des organisations à l'origine du clip et d'un député.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
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La vidéo de la campagne "Chère future maman" a été mise en ligne le 13 mars 2014.  ( YOUTUBE / FRANCETV INFO )

"Chère future maman, n'aie pas peur." C'est le message délivré par un clip de 2 minutes 30 dans lequel on peut voir des enfants trisomiques rassurer une future mère enceinte d'un bébé atteint de la même maladie. Mise en ligne début mars, la vidéo a été visionnée par plus de 5 millions personnes. Le spot a également été diffusé par plusieurs chaînes de télévision le 21 mars à l'occasion la journée mondiale de la trisomie 21.

A l'origine de ce clip, une dizaine d’associations issues de différents pays, dont la Fondation Jérôme Lejeune pour la France. Proche des milieux catholiques, cette fondation soutient la recherche sur la trisomie 21 et milite contre l'IVG. La diffusion du spot a fait l'objet d'une intervention du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) auprès de M6, Canal+ et D8. A la suite de plaintes de téléspectateurs, le CSA a ainsi rappelé que la "vocation" de la Fondation Jérôme Lejeune "est notamment la lutte contre l’avortement". Le Conseil considère que ce clip "ne pouvait être inséré au sein des écrans publicitaires".

Le CSA recommande une "diffusion au sein d’émissions"

Comment le CSA justifie-t-il sa position ? Le Conseil estime que "ce message ne relève pas de la publicité". D'autre part, "en s’adressant à une future mère", la finalité du clip "peut paraître ambigüe et ne pas susciter une adhésion spontanée et consensuelle", précise-t-il. L'institution ajoute que "ce message aurait pu être valorisé, à l’occasion de la journée mondiale de la trisomie 21, par une diffusion mieux encadrée et contextualisée, par exemple au sein d’émissions".

"Pour le CSA, le bonheur des enfants trisomiques est suspect", a réagi le 28 juin la Fondation Jérôme Lejeune. Elle rappelle que "cette vidéo vise à rassurer une femme enceinte sur l’avenir et le bonheur possible de son enfant atteint de trisomie 21. La finalité de cette campagne est de lutter contre la discrimination et la stigmatisation dont sont victimes les personnes handicapées, et d’encourager leur insertion dans la société".

"Une réponse à côté de la plaque"

Dans une tribune publié sur Le Figaro Vox, le député Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate, déplore également l'intervention du CSA. "Il est difficile de trouver, de la part d'un organisme officiel, censé opérer la régulation et maintenir l'équilibre, une réponse aussi carrément à côté de la plaque, et aussi faiblarde sur le plan juridique", écrit l'élu affilié à l'UMP.

Il fustige l'évocation par le CSA de la notion d'"adhésion spontanée et consensuelle" au clip : "Auriez-vous par hasard l'intention de supprimer les spots publicitaires qui font des femmes de véritables objets de consommation ou de promotion ?", s'interroge-t-il. "La décision que vous avez prise fait primer, comme trop souvent dans la société occidentale, des impératifs de forme et de procédure sur la défense des personnes et leur dignité. Vous donnez l'impression de l'avoir oublié", écrit également Jean-Frédéric Poisson, s'adressant au président du CSA.

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