Calais : trois camps de migrants évacués
A Calais, de nombreux migrants étaient encore sous des tentes ou des abris de fortune lorsque les forces de l’ordre ont commencé, à 8 h, l’opération d’évacuation décidée par la préfecture du Pas-de-Calais.
200 policiers et gendarmes avaient pris position autour de campements où quatre bus étaient garés. Les chauffeurs ont alors recouvert les sièges de sacs poubelle, tandis que des interprètes lançaient des messages pour inviter les migrants à monter dans les autocars. Ils leur ont parlé de douche, de vêtements propres et de traitement médical.
Dans le même temps, des associations ont tenté de dissuader les occupants des camps de prendre le bus. Elles craignaient qu’ils soient emmenés dans des centres de rétention de la région.
L'évacuation aura duré moins d'une heure et concerné quelque 550 migrants d'après les estimations de la préfecture. Parmi eux, une majorité de Syriens et d'Afghans. Des occupants des camps se sont réfugiés dans les dunes, d'autres dans un bâtiment à proximité qui sert de centre de distribution de nourriture.
A la mi-journée, une pelleteuse avait terminé de raser le camp le plus important. Les migrants se sont vu proposer un transport vers un "lieu médical " pour rencontrer un médecin, prendre une douche et se procurer des aérosols pour traiter leurs vêtements.
La préfecture avait promis : "pas de contrôle, pas d'interpellation, pas de placement au Centre de rétention administrative ". Dix-sept d'entre eux ont par ailleurs obtenu une place en hébergement d'urgence hors de Calais auprès de l'OFII (Office français de l'immigration et de l'intégration) et la direction de la cohésion sociale, d'après la préfecture.
L'argument sanitaire contesté
Les autorités s’appuient sur un argument sanitaire pour justifier le démantèlement. Il s’agit de venir à bout d’une épidémie de gale qui touche les migrants depuis plusieurs semaines. Plusieurs associations ont réclamé un traitement médical et sanitaire, mais elles déplorent l’absence de dispositif pour accompagner et suivre l’évacuation. L’association "Soutenons, aidons, luttons, agissons pour les migrants" (SALAM) affirme que "seuls les mineurs et les demandeurs d’asile se verront offrir un hébergement ".
Le préfet du Pas-de-Calais, Denis Robin, maintient qu'il s'agit "d'évacuations pour la sécurité sanitaire des migrants et celle de la ville de Calais. " L'opération visait également à "mettre fin à un rassemblement devenu beaucoup trop important. A Calais on sait, depuis la jungle de 2009, que (cela) présente des risques ", a ajouté le préfet. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, invité de l'émission "Questions d'info", l'a soutenu dans ce sens : Cette évacuation "n'est pas une opération d'ordre public, mais une opération sanitaire " menée "dans un cadre humain ".
"Maintenant qu'est-ce que les gens vont faire ? Aller dans la rue, errer ? Ça fait 10 ans que la situation est comme ça, c'est pas en leur pourrissant la vie qu'ils disparaissent ", rétorque Vincent Deconinck, délégué départemental du Secours Catholique, qui trouve "indigne" que la préfecture profite du traitement pour lancer l'évacuation.
Plus de 800 migrants sont présents dans le Calaisis, dont 600 à 650 sur la seule zone portuaire. Ce sont des candidats, pour la plupart, à un passage en Angleterre.
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