: Reportage "Des gens qui embêtent, qui suivent" : moins d'un Marseillais sur deux se dit serein quand il marche seul la nuit dans sa ville
Moins d'un Marseillais sur deux (43%) se dit serein quand il marche seul la nuit dans sa ville. C'est le résultat d'une enquête réalisée par la Commission européenne, publiée lundi 19 février. Pus de 800 habitants de 83 villes européennes ont été sondés sur différents sujets : propreté, emploi, culture, etc. Sur le sentiment d'insécurité, comme sur l'insalubrité, Marseille arrive en fin de classement, devant Rome et Athènes.
Un sentiment qui perdure même si les chiffres de la délinquance quotidienne, hors règlement de compte, sont en baisse depuis quelques années à Marseille. Pour certains habitants, les sorties nocturnes se font de plus en plus rares. C’est le cas de Léonie qui vit dans le premier arrondissement : "Le soir non, je ne sors pas, j'évite. Toute seule non. Ce sont des petites choses, des gens qui embêtent, qui suivent... Une fois j'ai dû courir jusqu'à chez moi."
"Passé une certaine heure, je suis un peu plus sur mes gardes"
Une situation quotidienne pour Céline, à l'époque où elle sortait juste entre filles, sur le Vieux-Port : "Maintenant que je ne sors qu'avec mes copains on ne vient plus me soûler. Mais quand j'étais seule... Il y a des mecs qui viennent te voir, qui te suivent, qui t'appellent et si tu ne te retournes pas ils t'insultent."
Dix ans après leur arrivée à Marseille, Juliette et Bart sont plus sereins mais ils ont dû s'adapter. "Passée une certaine heure je suis un peu plus sur mes gardes, raconte la jeune femme. Après deux heures du matin, je marche plus vite, je regarde un peu plus autour de moi s’il y a des gens, s’il y a des groupes de mecs aussi".
"Au tout début on est un peu impressionnés par cette ville et puis il y a une sorte de formatage qui se fait. Il faut être plus agressif dans sa façon de marcher, on trace, on ne vivote pas comme ça en flânant".
Bart, installé à Marseille depuis 10 ansà franceinfo
Pourtant, la préfecture observe une baisse globale des violences crapuleuses dans le centre-ville de 31% sur les cinq dernières années. Moins 70% pour les vols avec violences depuis 2012. Sébastien vit à Marseille depuis quatre ans et lui est serein : "Je n'ai jamais eu aucune mauvaise expérience. Je pense que c'est plus une réputation. Des choses qui traînent depuis un certain nombre d'années et qui poursuivent cette ville."
À en croire Yannick Ohanessian, adjoint à la tranquillité publique pour la Ville, l'insécurité est renforcée par l'insalubrité et il pointe le rôle de la Métropole : "C'est la dégradation de la voirie, de vos trottoirs, de vos espaces piétons qui participent à ce sentiment d'insécurité. Vous avez une prise en charge des autorités compétentes qui n'est pas à la hauteur de la deuxième ville de France." Mais ce qui nourrit principalement ce sentiment, ce sont bien sûr les 49 morts liés au trafic de drogue l'an dernier. Un record absolu pour Marseille.
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