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La droite dans l'embarras après la mise en examen de Sarkozy

Dans l'opposition, de plus en plus de voix doutent de la possibilité pour l'ancien président de la République de revenir sur la scène politique.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Brice Hortefeux, Alain Juppé, Nadine Morano et Jean-François Copé, le 2 septembre 2013 à Arcachon (Gironde). (ROMAIN PERROCHEAU / AFP)

L'aura du champion de la droite est sérieusement écornée. Alors que Nicolas Sarkozy préparait de moins en moins discrètement un retour en politique, sa mise en examen pour recel de violation du secret professionnel, trafic d'influence et corruption actifs, mardi 2 juillet, embarrasse à l'UMP.

Sa garde rapprochée plutôt discrète

La garde à vue puis la mise en examen de Nicolas Sarkozy a suscité des réactions plus mesurées qu'après sa mise en examen dans l'affaire Bettencourt, en mars 2013. Henri Guaino, qui avait violemment attaqué le juge Jean-Michel Gentil, l'accusant d'avoir "déshonoré la justice" (propos pour lesquels il est cité à comparaître), est cette fois resté muet.

Autre proche resté très discret : Brice Hortefeux. Devant les caméras couvrant la reprise des travaux du Parlement européen, mardi à Strasbourg, l'ancien ministre a refusé de répondre aux questions des journalistes sur la garde à vue de son mentor.

Ceux qui s'expriment pour le défendre s'attachent davantage à la forme qu'au fond du dossier. "Je suis perplexe, le calendrier judiciaire est calqué sur le calendrier politique !" affirme Nora Berra. L'ancienne ministre dénonce un "acharnement totalement disproportionné. Il faut à tout prix trouver un chef d'accusation pour entacher Nicolas Sarkozy." Sur France Info, Christian Estrosi met en cause l'impartialité d'une des juges ayant prononcé la mise en examen.

D'autres préfèrent rester anonymes pour défendre l'ancien président : "Ils remettent régulièrement une pièce dans le juke-box. Sarkozy les obsède. Mais plus on le cherche, et plus ça lui donne la niaque. Vous verrez, il voudra revenir avec encore plus de force", selon un de ses partisans.

Les ténors de l'UMP prudents

De leur côté, les ténors de l'UMP assurent Nicolas Sarkozy de leur solidarité mais disent respecter la décision des juges. Sur RTL, Bruno Le Maire a témoigné de son "soutien" et de son "amitié" à l'égard de l'ancien chef de l'Etat. Avant d'ajouter : "Ensuite, il y a une décision de justice qui s'impose à tous. Il n'y a pas une justice pour les puissants et une justice pour les faibles. Il n'y a pas une justice de droite ou une justice de gauche. Il y a une justice républicaine qui s'impose à tous."

Sur Twitter, Alain Juppé a également envoyé un message de soutien à Nicolas Sarkozy, espérant son "innocence".

Ses adversaires parient sur sa chute

S'il n'a pas réagi officiellement, François Fillon se montre très sévère en privé. "Jamais Sarkozy ne pourra revenir, à cause des affaires", confie l'ancien Premier ministre. Après les affaires Tapie, Karachi, Bygmalion, celle sur les soupçons de financement libyen de sa campagne de 2007 et les sondages de l'Elysée, "l'ardoise commence à peser", estiment certains élus UMP cités anonymement par l'AFP. 

"Quand un président ne respecte pas les institutions, les institutions se retournent contre le président. C'est mécanique", tacle un député UMP cité par Libération (article abonnés) qui pense que Sarkozy "ne reviendra pas", de peur de "perdre une deuxième fois".

"Je ne crois plus du tout à son retour, il était mort avant !" confie un ex-ministre au Parisien (article abonnés), qui s'inquiète en imaginant Nicolas Sarkozy en président de l'UMP régulièrement convoqué par les juges pour telle ou telle affaire : "Il va nous mener à une catastrophe dont Marine Le Pen sera la grande gagnante. Sarkozy, c'est Berlusconi, le bunga bunga en moins !"

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