À Grigny, les médias vus comme un miroir (un peu trop) déformant
Près de dix ans après les émeutes urbaines de 2005, la défiance des quartiers populaires envers les médias est plus forte que jamais. Depuis les attentats du 7 et du 9 janvier, la presse s'est tournée vers les villes d'origine des terroristes pour essayer de comprendre. De nombreux reportages ont notamment été réalisés à Grigny, là où a grandi Amédy Coulibaly.
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Mais plusieurs voix s'élèvent pour dénoncer la couverture médiatique de ces sujets "banlieues". Comme ce groupe d'apprentis-journalistes de l'Essonne qui s'est fendu d'une vidéo (voir ci-dessus) pour dénoncer un article intitulé "A Grigny, la théorie du complot va bon train " (à retrouver ici pour les abonnés au site du Figaro ), et qu'ils jugeaient trop orienté.
Dialogue de sourds
C’est un article parmi des dizaines d’autres, sur Grigny, sur leur ville, qui a fait réagir ces jeunes de l’association "Reporters Citoyens". Pour eux, une fois encore, les médias ne s’intéressent qu’au plus extrême, qu’au plus radical, qu’au plus laid de leur quotidien. Alors ils ont pris la parole, pour dire haut et fort, que ça ne leur ressemble pas : "Nous refusons d'être comparés à des herbes folles [...] Nous refusons que l'on prenne la parole de quelques collégiens immatures pour l'opinion de tous ", peut-on notamment entendre dans la vidéo.
De son côté, Marie-Estelle Puech, auteur de l’article incriminé et journaliste au Figaro , est abasourdie par les attaques de ces apprentis-journalistes. Elle affirme que son article "reflète très exactement " ce qu'elle a pu voir à Grigny : "Je ne me suis pas contentée de parler à des jeunes décérébrés, comme ils semblent le dire dans leur vidéo ". Deux vérités… Et la réalité est forcément quelque part entre les deux. C'est un dialogue de sourds entre les médias et une partie de la jeunesse. Comme entre deux mondes parallèles qui s’observent, qui se toisent, mais ne se comprennent plus. Les évènements de la semaine dernière offrent peut-être l’occasion de réparer les dégâts.
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