Cet article date de plus de dix ans.

Société : dans la loge des concierges

Publié
vidéo : 36min
Ce replay n'est plus disponible.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions

Une personne fait figure de lien, c'est le concierge, le gardien. Une profession quelque peu délaissée et pourtant bien utile.

Mon courrier est arrivé ? Je suis en train de trier.

Et mon "Figaro".

Je trie et je vous le monte.

Elle s'appelle Sylvine. Mais ici, tout le monde l'appelle la gardienne.

Les gens de l'immeuble, je les reconnais à leur pas. S'ils rentrent à 2H du matin, le lendemain, je leur dis "on a fait une soirée ?" Au pas, je sais si c'est quelqu'un de l'immeuble ou pas. Je surveille.

A 30 km de la, Claude est gardien aussi, mais débutant. Depuis 3 ans, il veille sur plusieurs immeubles d'un quartier populaire.

Le lundi, c'est comme ça.

Les gens ne mettent pas les poubelles dans les containers.

Même s'ils les mettent, ils mettent un grand carton sans le casser, il remplit le container et après, les autres se cassent pas la tête. Ils mettent tout par terre, et ça fait boule de neige. Le jour où je suis arrivé, c'était un lundi, j'ai vu les poubelles, je me suis demandé ce que je faisais là.

L'un exerce en Saine-Saint-Denis, l'autre à Paris XVIe. Deux professionnels, deux générations de gardiens. Sylvine bichonne son bâtiment depuis 25 ans.

Je nettoie comme si c'était ma maison. Pour moi, c'est comme mon immeuble, faut qu'il soit propre, que les gens se sentent bien dans les couloirs, que ce soit agréable.

Sylvine dit qu'elle fait partie des murs. Son univers, c'est cette petite loge.

Voici le salon-salle à manger. Puis la chambre. Et la cuisine.

29 m2 et une histoire de famille. Sa mère était gardienne ici, puis Sylvine y a élevé ses deux filles.

Même si cela vait été plus petit, on avait un toit, moi du travail. Même plus petit, on prend ce qu'il y a. Plus grand, ç'aurait été bien, mais bon.

Retour à Sevran.

Honnêtement, les poubelles, C'était le bordel mais on a connu pire.

Claude et son collègue en ont enfin fini avec les containers. Le gardien s'occupe ici de 133 logements. La loge n'est jamais tranquille bien longtemps.

Je vais y aller.

Trois personnes coincées dans un ascenseur, un grand classique dans ce quartier. Comme toujours, c'est Claude qui part rassurer les occupants.

C'est le gardien, ça va ? T'es pas toute seule ? Il y a des petits avec toi ? Ou des jeunes ? Ah oui, ils sont pas petits. J'ai eu Otis, ils arrivent dans une demi-heure.

Une demi-heure, juste le temps pour Claude de rendre un petit service.

Le médecin ce matin.

Galère.

Ce n'est pas dans mon contrat de travail mais c'est une question d'humain à humain.

Il sait vraiment tout faire.

Oui, je voudrais bien l'avoir comme mari moi.

Négociez avec ma femme.

C'est précieux en tout cas.

Oui, voilà.

Au revoir, bon courage.

Dans son petit immeuble parisien, elle n'est pas autant sollicitée. Elle le regrette presque.

Les gens, c'est souvent leur petite personne qui les intéresse. Ils n'ont pas envie de parler, ils parlent quand ils ont besoin.

Bonjour.

Minimum syndical. Il y a 20 ans, ce n'était pas pareil.

Au bout de 25 ans, la gardienne gagne 1500 euros par mois. Elle a vu ses étrennes diminuer de moitié. Elle ne regrette pas ces années passées au service de l'immeuble. A Sevran, le réparateur d'ascenseur est arrivé. Bientôt la fin de la journée pour Claude. Il ne compte pas ses heures, il s'est découvert une vocation.

Je préfère voir les jeunes rigoler que des gens qui ne vous regardent même pas dans Paris. Je me sens plus utile ici.

Avant d'être gardien, Claude s'est essayé à de nombreux petits boulots. Celui là n'est pas le plus payant, mais le plus gratifiant.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.