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Attentats à Paris : un mois après, Internet sous haute surveillance

Le rôle d'Internet dans l'embrigadement des jeunes candidats au djihad est central. Très tôt après les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher, le gouvernement a annoncé une série de mesures. Où en est-on ?
Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (Le site de prévention et de lutte contre le djihadisme en ligne est sorti le 28 janvier © Maxppp)

Où en est la lutte contre l'embrigadement terroriste sur Internet ? Les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, radicalisés il y a quelques années n'ont pas été enrôlés sur la toile, mais aujourd'hui les choses ont changé. Le rôle du web est central dans "l'embrigadement, la mise en contact et l'acquisition de techniques permettant de passer à l'acte ", avait dit le Premier ministre Manuel Valls lors de son discours devant l'Assemblée nationale quelques jours après les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher. Un certain nombre de mesures ont été annoncées depuis.

Un mois après, quelles actions concrètes ont été réalisées ? La plus visible, c'est la diffusion de la vidéo choc de prévention stop-djihadisme. Des images violentes qui reprennent les codes de la propagande djihadiste. Elle a été vue plus de 1,8 million de fois sur Facebook, Twitter, Dailymotion et YouTube, ce qui en fait la vidéo la plus regardée de l'histoire des sites .gouv.fr

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Autour de cette vidéo, un site Internet. Il a été conçu en quatre mois et les attentats de Paris ont "précipité " sa sortie, nous a confié une source à Matignon. Selon cette dernière, il sera difficile de quantifier l'impact de cette campagne et de savoir si elle a dissuadé certains jeunes de partir faire le djihad, mais ce qui est sûr, c'est que le site reçoit de nombreux messages, notamment des familles qui s'inquiètent de la radicalisation de certains de leurs enfants, "preuve qu'il y avait un besoin ". Par ailleurs, le site du ministère de l'Intérieur, la plate-forme Pharos, qui appelle les internautes à signaler tout contenus haineux, a reçu 40.092 signalements entre le 7 janvier et le 3 février. Un pic a été observé entre le 9 et le 11 janvier avec 4.000 à 6.000 signalements par jour. Depuis, le nombre a baissé mais il reste au dessus de 400, la moyenne avant les attentats.

Blocage des sites faisant l'apologie du terrorisme

Autre mesure : le blocage administratif de sites faisant l'apologie du terrorisme. Cela veut dire que l'Etat peut contraindre un opérateur à fermer un site jugé illicite sans passer par un juge, "dans le cas où des éditeurs ou des hébergeurs de contenus en ligne, méconnaissant les dispositions du code pénal, refuseraient le retrait de ces contenus". Le décret a été publié à l'issue du conseil des ministres de cette semaine. 

"La liste des adresses électroniques concernées sera transmise aux fournisseurs d'accès à internet (FAI) afin qu'ils procèdent dans les 24h, au blocage desdits sites et au renvoi de l'internaute vers une page d'informatio n", indique le décret, qui prévoit aussi les modalités de compensation financière pour les FAI "à raison des charges que la mise en oeuvre de la nouvelle procédure fait peser sur eux ". Ce texte est à "double-tranchant" selon certains spécialistes. Il pose la question des "limites" dans un pays qui prône la liberté d'expression. 

Contrôler les messages de haine

Sur les réseaux sociaux, le mois qui s'est écoulé a permis de faire un point sur la provenance des messages haineux. Plusieurs procédures judiciaires sont en cours et des condamnations ont déjà été prononcées notamment pour des photos postées sur Facebook. Dieudonné est jugé cette semaine pour avoir écrit sur Facebook qu'il se sentait "Charlie Coulibaly", du nom de l'auteur de la prise d'otage de l'Hyper Casher. Un Strasbourgeois a lui été condamné à six mois de prison ferme pour avoir posté une photo de kalachnikov avec ce message : "Bons baisers de Syrie, bye bye Charlie".

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Sur Twitter, les spécialites de l'analyse ont pu se rendre compte que le réseau social n'avait pas servi massivement à relayer des propos illicites. Certains hashtags haineux ont en fait été générés par des robots. Selon Linkfluence, une entreprise spécialisée dans l'analyse du web social, sur un échantillon de 13.000 messages postés avec #JeSuisKouachi, aucun n'était crédible.

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