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Mission Artemis : des problèmes techniques aux conditions météo, retour sur les imprévus qui ont retardé le lancement de la fusée vers la Lune

La fusée SLS a enfin décollé mercredi. Grâce à elle, la Nasa compte à terme retourner sur la Lune et s'y établir de façon durable en installant une base à sa surface.

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
La fusée SLS sur son aire de lancement, au centre spatial Kennedy, en Floride (Etats-Unis), le 4 novembre 2022. (JOEL KOWSKY / NASA / AFP)

Cette fois, c'était la bonne. La mission Artemis I a été lancée, mercredi 16 novembre. Ces dernières semaines, des problèmes techniques ou de mauvaises conditions météo ont ajourné le lancement. L'Agence spatiale américaine avait encore anticipé une nouvelle déception mercredi en prévoyant deux nouvelles dates de repli, les 19 et 25 novembre.

La fusée SLS représente un enjeu majeur pour la Nasa. Elle doit lui permettre à terme de retourner sur la Lune et de s'y établir de façon durable en installant une base à sa surface. Franceinfo revient sur les événements qui ont entraîné plusieurs retards, avant la libération, mercredi.

29 août : une fuite et un problème de refroidissement

Tout était prêt... ou presque. Au moment de remplir les réservoirs de la fusée SLS (Space Launch System), les experts ont d'abord découvert une fuite d'hydrogène liquide au niveau supérieur de la fusée. Ils ont ensuite constaté un problème avec la vanne de refroidissement. La Nasa a alors choisi de reporter le lancement.

L'agence américaine "a communiqué assez ouvertement en expliquant qu'elle commençait à avoir un problème technique. Elle l'a résolu. Et puis il y en a eu un deuxième", a commenté auprès du quotidien régional Ouest-France Jean Blouvac, responsable du programme Exploration et vol habité du Centre national d'études spatiales (CNES). "Le fait que l'on puisse tirer n'était pas du tout gagné", a-t-il souligné, rappelant qu'il s'agit d'une première pour cette nouvelle fusée, très puissante et complexe. "La Nasa avait une pression énorme. Et ils ont joué à juste titre la sécurité."

Cette décision n'est pas surprenante, a remarqué l'astronaute français Thomas Pesquet, venu assister au lancement en spectateur. "Même à l'époque de la navette spatiale, il y avait des reports pratiquement à chaque vol. Peu sont partis du premier coup", a-t-il expliqué à France Télévisions.

3 septembre : une nouvelle fuite de carburant

Après la déconvenue du 29 août, la Nasa a prévu un lancement le 3 septembre. Mais environ deux heures et demie avant le décollage, ce lancement a, à son tour, été reporté. En cause : une fuite de carburant au moment de remplir des réservoirs.

Malgré trois tentatives de réparation, la Nasa a encore joué la carte de la prudence. "Il faut que cela marche, il faut que toutes les missions soient réalisées avec succès, et donc on ne veut rien faire qui menace la réussite de la première mission, qui est très importante, puisque c'est la validation du véhicule", a expliqué à France Télévisions Philippe Berthe, responsable à l'Agence spatiale européenne.

Là encore, il n'y a rien d'extraordinaire, selon l'ancien astronaute français Jean-François Clervoy. "C'est toujours le même problème : le joint de la tuyauterie fuit. Ce sont des choses que l'on a déjà connues dans les remplissages d'hydrogène liquide des réservoirs de fusées comme Ariane. Mon troisième vol spatial à bord de Discovery a par exemple connu un report de lancement pour le même problème. Pour ce vol-là, nous avions connu 13 différentes dates de lancement", a-t-il détaillé sur franceinfo.

24 septembre : la fusée mise à l'abri à cause de la tempête tropicale Ian

La météo est venue mettre son grain de sel. La Nasa a annoncé le 24 septembre que le décollage prévu trois jours plus tard était annulé. La tempête tropicale Ian, qui se trouvait au sud de la Jamaïque, menaçait de se diriger vers la Floride (où se trouve le centre spatial Kennedy) et de devenir en ouragan. Dans la foulée, l'agence spatiale américaine a décidé de mettre la fusée SLS à l'abri dans son bâtiment d'assemblage. Haute de 98 mètres, elle peut résister sur son pas de tir à des vents de 137 km/h au maximum. 

Du reste, la déplacer s'avère complexe. Pour cette manœuvre, les rafales ne doivent pas excéder 75 km/h. La fusée SLS est finalement retournée sur le pas de tir le 4 novembre.

10 novembre : l'ouragan Nicole joue les trouble-fêtes

Après Ian, les conditions météo défavorables ont encore joué des tours à la Nasa. Le 10 novembre, l'agence spatiale a ainsi décalé de deux jours le nouveau lancement prévu lundi. La raison : le passage de Nicole, un ouragan de classe 1.

La fusée a été maintenue sur son aire de lancement, non sans inquiétude. Les vents (à 132 km/h) n'ont finalement pas dépassé les limites qu'elle pouvait endurer, a affirmé sur Twitter (contenu en anglais) Jim Free, administrateur associé à la Nasa. Selon ce dernier, "rentrer" la fusée était "trop risqué" : le "pas de tir était l'endroit le plus sûr".

Lors d'une ultime réunion, lundi, les responsables de la mission ont annoncé que le lancement était maintenu mercredi. Les dégâts constatés après le passage de Nicole (notamment l'endommagement d'une fine couche de mastic au niveau de la capsule Orion, située au sommet de la fusée) posaient question, mais la Nasa a finalement estimé que le risque induit était minime.

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