Mission Artemis : "Tous les vaisseaux spatiaux ont connu ce genre de scénario", rassure un spationaute après la deuxième annulation de décollage

Deux annulations, en moins d'une semaine. Le décollage de la nouvelle méga-fusée de la Nasa vers la Lune a de nouveau été retardé, samedi 3 septembre, au dernier moment, suite à des problèmes techniques, faisant subir un nouveau revers au lancement du programme américain Artémis, qui doit permettre aux humains de retourner sur la Lune. Une situation tout à fait classique, selon Jean-François Clervoy, spationaute à l'Agence spatiale européenne (ESA), qui réagit sur franceinfo : "C'est la nature même de l'astronautique que de résoudre ces anomalies."

franceinfo : Comment explique-t-on ce deuxième faux départ en seulement quelques jours ?

Jean-François Clervoy : C'est toujours le même problème : le joint de la tuyauterie fuit. Ce sont des choses que l'on a déjà connues dans les remplissages d'hydrogène liquide des réservoirs de fusées comme Ariane. Mon troisième vol spatial à bord de Discovery a par exemple connu un report de lancement pour le même problème. Pour ce vol-là, nous avions connus treize dates différentes de lancements.

Cela paraît incroyable que ce genre de détail ne soit pas prévu, pour des missions préparées des années à l'avance...

Pour chaque cas, nous avons des procédures écrites pour savoir comment réagir. Dans un vol spatial, les procédures pour gérer les pannes occupent 90% de la masse des procédures : nous sommes habitués à cela. 70% de l'entraînement des astronautes, consiste à résoudre des problèmes. C'est la nature même de l'astronautique. Ces anomalies sont normales car nous faisons par définition quelque chose de nouveau. Tous les vaisseaux spatiaux ont connu ce genre de scénario.

Quand est-ce que les Hommes fouleront à nouveau le sol de la Lune ?

Je tablerais honnêtement entre 2026, au mieux, et 2028 plus probablement. D'ailleurs, c'était le projet initial : se poser sur la Lune en 2028. C'est le président Trump qui, un jour, a décidé que c'était trop tard et qui, sans aucune autre raison que politique, a donné comme instructions à la Nasa d'accélérer le programme avec un objectif donné pour 2024. Mais la Nasa n'a jamais reçu les ressources supplémentaires qui vont avec. Une chose est sûre : les Américains feront tout pour marcher sur la Lune avant les Chinois, qui, eux, ont annoncé qu'ils visaient 2030.