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Depuis un an sur Mars, le rover Perseverance épate les scientifiques : "On vit une époque martienne absolument incroyable !"

Douze mois après son arrivée sur la Mars, le véhicule bardé d’instruments de mesures et de prélèvement a parfaitement rempli les premiers mois de sa mission, pour le plus grand bonheur des scientifiques quotidiennement à son chevet.

Article rédigé par Olivier Emond
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le rover Perseverance, sur la planète Mars, le 10 septembre 2021. (HANDOUT / AFP)

C’est à la vitesse d’un escargot au galop que le rover Perseverance sillonne sur Mars depuis douze mois le vaste cratère nommé Jezero dans lequel il s’est posé : au rythme de 50 mètres par heure, il a déjà quatre kilomètres au compteur.

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"Perseverance se porte très bien, se réjouit Sylvestre Maurice, astrophysicien à l’institut de recherche en astrophysique et planétologie (Irap) de Toulouse. On a pris quelques mois pour prendre en main le véhicule. Ce n’est pas facile quand même. C'est un véhicule très complexe pour prendre en main tous les instruments, dont Super Cam, et à notre grande joie, parce qu'on avait travaillé pendant des années, il fonctionne très bien. On fait des tirs laser, des images, des enregistrements. Il y a de la science en construction."

Dix-neuf vols au compteur, le drone Ingenuity fonctionne toujours

Avec, aussi, plusieurs premières technologiques réussies comme l’envol du drone Ingenuity au printemps dernier. "Ingenuity, c'était vraiment que de la techno, mais ça nous a aidés, souligne Sylvestre Maurice. Il devait faire cinq vols et depuis il fonctionne toujours : on a continué et aujourd'hui, il en est à son 19e vol, c'est à dire qu'il a volé plus de 30 minutes depuis le début, soit quatre kilomètres, pratiquement autant que le rover lui-même."

"Ingenuity va dans des endroits où on ne peut pas aller, il fait du repérage pour nous, il nous précède et ça, c'est bluffant."

Sylvestre Maurice

à franceinfo

Ingenuity est le poisson pilote du rover mais aussi le support d’autres expériences inédites, comme la captation directe de sons sur Mars. Pour le plus grand bonheur de Baptiste Chide, qui a travaillé pendant sa thèse sur l’installation de ce premier micro à bord et qui poursuit ses recherches aujourd’hui depuis le centre de contrôle américain de Persévérance, aux Etats-Unis.

"Sur Mars, les sons sont énormément atténués comparés à la Terre. Tous nos modèles nous disaient que nous n'avions aucune chance d'entendre Ingenuity, indique ce dernier. Et quitte à avoir un micro sur Mars associé à un hélicoptère, autant allumer le micro pour voir ce que cela donne : on a eu la grande surprise d'entendre cet hélicoptère qui était à plus de 100 mètres de nous. Et on l'entendait même très bien ! Ça a été notre grosse surprise."

"Scientifiquement, ce sont des résultats qui sont super importants, poursuit Baptiste Chide. Cela nous explique comment le son se propage sur Mars. Et puis, cela nous révèle des choses donc nous n'avions pas conscience : la turbulence à la surface de Mars avec ces mouvements d'air, ces panaches d'air chaud qui se détachent de la surface au fur et à mesure de la convection en journée, permet de propager les sons beaucoup plus loin que ce qu'on pensait. C'est grâce à cela qu'on a pu entendre Ingenuity par exemple."

Déjà sept échantillons de sol martien collectés

Au sol, Perseverance s’est aussi concentré sur son cœur de mission : prélever, grâce notamment à sa caméra laser conçue par Sylvestre Maurice et ses équipes, des échantillons de roche qu’il stocke dans son ventre en attendant de pouvoir les renvoyer sur Terre, en 2031.

"On va se donner six ans pour en collecter une quarantaine, ces quelques grammes à chaque fois. Et puis ensuite, on va les poser dans un coin. Puis on aura fini notre mission !

Sylvestre Maurice 

à franceinfo

"D’ici six ans, détaille Sylvestre Maurice, la Nasa, l'Agence spatiale européenne ESA avec le Cnes, vont partir sur Mars, se poser à côté de nous, récolter des petits échantillons, les mettre sur une fusée (...) et les rapporter sur Terre en 2031. Le Graal des planétologues, c'est de rapporter sur Terre des échantillons." Ils en ont déjà collectés sept : ces petits morceaux de Mars apporteront peut-être de nombreuses informations. "Ils nous diront si, dans le passé, il y a 3,5 milliards d'années ou un peu plus, il y a eu des Martiens, il y a eu de la vie", explique-t-il. "On vit une époque martienne absolument incroyable et on en profite !", s'enthousiasme, rêveur, l'astrophysicien.

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