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Décollage de la fusée SpaceX vers l'ISS : c'est "une révolution totale", estime Frédéric Castel, journaliste scientifique

Ce décollage met fin à neuf années de voyage vers l'ISS uniquement grâce aux navettes russes Soyouz. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Temps de lecture : 3 min
La fusée SpaceX décolle de Floride, le 16 novembre 2020.  (GREGG NEWTON / AFP)

La fusée SpaceX a décollé dans la nuit de dimanche à lundi 16 novembre depuis la Floride aux Etats-Unis, avec à son bord quatre astronautes (trois Américains et un Japonais). Ce nouveau moyen de transport spatial est "une révolution totale", selon Frédéric Castel, journaliste scientifique, qui a vécu le décollage depuis la station Kennedy en Floride. "La Nasa a donné les clés à SpaceX et devient juste un client", explique-t-il à franceinfo lundi matin. Grâce à ce "système américain en autonomie", c'est "la fin de la dépendance russe", analyse-t-il.

franceinfo : Pouvez-vous nous raconter ce décollage, vous qui l'avez vécu de près ?

Frédéric Castel : Il y avait beaucoup de suspense puisqu'il y avait un doute sur la météo. Ensuite, ça se passait en pleine obscurité, de nuit en Floride. Et tout d'un coup, le ciel a été totalement illuminé. Le sol a vibré, comme d'habitude avec ces départs et ces lancements spectaculaires suivis par des milliers de personnes dans toute la région en Floride. Donc, oui, ce sont des moments palpitants. Il y avait même d'ailleurs beaucoup de VIP, y compris le vice-président américain Mike Pence, qui s'est rendu sur place puisqu'il suit les questions spatiales.

C'est pour la première fois une entreprise privée qui emmène ces astronautes sur l'ISS. Est-ce le signe qu'une nouvelle ère débute ?

Complètement, on voit un changement de stratégie de la Nasa qui a mis en place dix ans de développement, beaucoup d'efforts, près de trois milliards de dollars, pour aider SpaceX à développer son nouveau système, à s'assurer que ce soit fiable et enfin, s'assurer que ce soit une mission certifiée. Pour la première fois, une mission spatiale est certifiée par l'aviation civile américaine, comme si c'était une compagnie aérienne. Donc, c'est effectivement une révolution totale. C'est une mission commerciale, 100% dans les mains de SpaceX. Ce n'est plus Houston qui suit le lancement, mais c'est le centre de SpaceX à Los Angeles, ainsi qu'une antenne sur place au Centre spatial Kennedy. Donc la Nasa a donné les clés à SpaceX et devient juste un client. Et d'ailleurs, dans cette stratégie de la Nasa, d'ici un an, il y aura aussi Boeing, qui a a pris du retard sur son programme de Starliner, et qui aura un deuxième système de transport spatial commercial entre les États-Unis et la station spatiale, c'est-à-dire l'orbite basse.

Ce décollage est aussi important pour les Américains car il permet de reprendre la main sur cette liaison avec l'ISS qui était assurée jusque-là par la navette russe Soyouz depuis neuf ans...

Exactement, il y avait une dépendance totale depuis le dernier vol en 2011. Le système américain, la Nasa, dépendait à 100% de la fusée Soyouz et de ses capsules Soyouz pour transporter les astronautes. Et les Russes augmentaient petit à petit le prix du siège et de ses billets. La Nasa a quand même dépensé quatre milliards de dollars. C'est une somme assez importante pour transporter son cargo et surtout ses équipages. Donc, tout à coup, c'est la fin de la dépendance russe, on a un système américain avec une autonomie pour aller vers la Station spatiale, ce qui est aussi une révolution pour la Nasa. L'autre point très important, c'est que la Nasa a perdu 14 astronautes qui ont eu ou qui ont été tués par deux accidents. La navette était un avion spatial extrêmement sophistiqué, mais aussi extrêmement risqué. Là, on revient à un système de fusée beaucoup plus classique, beaucoup moins risqué. Beaucoup moins cher. Et donc, il y a un changement total des équations et de la stratégie américaine vers l'orbite basse.

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