Cet article date de plus de deux ans.

Que nous révèlent les premières images du télescope spatial James-Webb ?

Publié
Temps de lecture : 4min
Article rédigé par franceinfo - Joachim Dauphin
Radio France

À l'occasion de la nuit des étoiles ce week-end du 6 et 7 août, franceinfo a demandé à trois astrophysiciens de nous expliquer une image de notre univers envoyée par le télescope spatiale James-Webb, dont la première a été révélée le 12 juillet dernier. Une vidéo à voir absolument si vous voulez impressionner vos amis pendant que vous observez le ciel à la recherche d'étoiles filantes.

Six mois après son décollage, désormais en orbite à 1,5 million de kilomètres de la Terre, le télescope James-Webb fonctionne parfaitement. La preuve, il a commencé à nous envoyer des images du cosmos avec un niveau de détails jamais vu. Voici trois d'entre elles racontées par trois astrophysiciens. 

1L'amas de galaxies SMAC 0723

C'est la toute première image révélée par James-Webb. Elle a été dévoilée par le président américain Joe Biden le 12 juillet 2022, comme aux grandes heures du programme Apollo dans les années 1960. Et elle fait déjà partie des images les plus célèbres de notre univers. 

Cette image est "un champ profond", explique Nicole Nesvadba, astrophysicienne et directrice de recherche au CNRS. "On pointe le télescope sur une partie du ciel où il n'y a pas a priori d'objets particulièrement brillants pour détecter ceux qui sont les plus faibles dans cette partie du ciel". Le résultat, c'est donc cette photo sur laquelle apparaît des milliers de galaxies, dont certaines sont si lointaines qu'elles semblent un petit point rouge dans le fond.

Ce sont ces éléments à peine visibles qui intéressent particulièrement les scientifiques. Il s'agit des galaxies parmi les plus anciennes de l'univers, formées il y a plus de 13,3 milliards d'années. "En astronomie, plus on regarde loin dans l'univers, plus on regarde loin dans le temps", rappelle Nicole Nesvadba. Et James Webb, grâce à ces facultés à voir dans l'infrarouge, une lumière invisible pour notre œil, permet de remonter plus loin qu'aucun autre télescope avant lui. 

2La nébuleuse de la Carène

Le télescope James-Webb n'est seulement une formidable machine à remonter le temps. C'est aussi un instrument qui permet d'analyser la composition chimique des objets. Notamment pour comprendre la formation des étoiles comme notre soleil. 

Ici, nous sommes dans notre galaxie, la Voie Lactée, à environ 7 500 années-lumière de la Terre. Et il s'agit d'une nébuleuse, également appelée pouponnière d'étoiles. "Dans la zone du haut, avec ce fond bleu, nous sommes dans une zone où le gaz est très chaud", explique Olivier Berné, astrophysicien à l'Institut de recherche en astrophysique et planétologie à Toulouse et responsable de programme scientifique sur le télescope spatial James-Webb. Il poursuit : "Vers le bas, on voit ces nébulosités orangées. Ce sont ce qu'on appelle des nuages interstellaires. Ils sont composés de gaz et de poussières. À l'intérieur de ces nuages, aux endroits où il fait suffisamment froid et où la gravité est assez forte, les nuages de gaz et de poussière peuvent s'effondrer et former de nouvelles étoiles. On voit d'ailleurs à certains endroits des étoiles en train de se former".

À noter que l'on peut voir une nébuleuse à l'œil nu dans notre ciel. Il s'agit de la nébuleuse d'Orion, située à 1 500 années-lumière de la Terre.  

3Jupiter et sa lune Europe

La vue infrarouge du James Webb commence aussi à scruter les objets de notre système solaire. Une première photo de Jupiter a été publiée le 14 juillet.

"Sur cette image on voit Jupiter et une de ses quatre lunes qui s'appelle Europe", décrit Tristan Guillot, astrophysicien à l'Observatoire de la Côte d'Azur et spécialiste de la formation des géantes gazeuses. "Grâce à James Webb, on observe Jupiter avec une grande résolution dans l'infrarouge, donc on observe la chaleur émise par la planète, ce qui va nous donner beaucoup d'informations sur sa composition. On va aussi pouvoir étudier cette grande tache rouge sur la droite. C'est un anticyclone qui est là depuis 300 ans dont on se sait pas grand-chose", se réjouit Tristan Guillot. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.