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Mission Dart : "On découvre un nouveau monde, nous sommes des Christophe Colomb", se réjouit un membre de la mission

Un vaisseau de la Nasa a precuté la lune d'un astéroïde dans la nuit de lundi 26 à mardi 27 septembre à plus de 20 000 km/h. Un grand moment pour l'équipe qui travaille sur cette mission depuis plusieurs années.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Illustration par image de synthèse du vaisseau Dart près de l'astéroïde Didymos et de sa lune Dimorphos. (HANDOUT / NASA)

"On découvre un nouveau monde à onze millions de kilomètres de nous", s'extasie ce mardi 27 septembre sur franceinfo Patrick Michel, membre de l’équipe de la mission Dart et directeur de recherche au CNRS à l’Observatoire de la Côte d’Azur, après qu'un vaisseau de la Nasa s'est délibérément écrasé dans la nuit de lundi à mardi sur un astéroïde dans le but de dévier sa trajectoire. "C'est la concrétisation de vingt années de travail", ajoute le chercheur, pour qui l'objectif est "de développer tout ce qu'il faut pour que les générations futures puissent se protéger".

>> Regardez la vidéo du vaisseau de la mission Dart qui percute un astéroïde, une première pour l'humanité

franceinfo : Peut-on parler d'un énorme exploit ?

Patrick Michel, membre de la mission Dart : Absolument. Je n'ai plus de voix puisque j'ai énormément crié. C'est un moment absolument incroyable. La dernière image nous a montré que nous avions bien tapé. C'est pour moi et pour certains membres de l'équipe du côté européen la concrétisation de vingt ans d'efforts. C'est un projet qui est né en Europe il y a vingt ans. Ce n'est qu'en 2011 que j'en ai parlé à un collègue américain pour qu'on aille voir l'Esa et la Nasa pour construire ensemble ce projet. De voir cette première étape, de voir cette petite sonde sur laquelle nous avons tant travaillé exploser en nous donnant ces images incroyables, c'est vraiment des moments que je souhaite à tous les chercheurs. Nous allons travailler les images de l'explosion car pour l'instant, ce que nous avons sont des images en temps réel car nous voulions vraiment faire participer le public lors de ce moment historique. On découvre un nouveau monde, nous sommes des Christophe Colomb qui découvrons un territoire à onze millions de kilomètres de nous.

Sur le changement de trajectoire de l'astéroïde, qui est l'un des objectifs de cette mission, quand saura-t-on si ça a marché ?

Nous le saurons dans quelques semaines puisque là, nous allons faire des observations depuis le sol pour mesurer le changement de durée que vont mettre les "petites lunes" pour tourner autour de ce corps central. Nous appelons ça la période orbitale et nous avons le James Webb Telescope qui va l'observer lors d'une campagne internationale d'observation. Il faudra d'ailleurs peut-être moins de quelques semaines si la déviation est relativement conséquente. D'ailleurs, vu les données que nous avons, nous nous disons que nous avons fait fort. Nous attendons les résultats avec impatience.

Tout ça doit servir à quoi, finalement ?

Tout ça sert à tester une méthode de déviation qui consiste à envoyer un projectile à haute vitesse sur un objet dont on ne sait rien au départ, à part la taille. L'objectif est de s'assurer qu'on est capable de le dévier parce qu'on sait que même si pour l'instant nous n'avons aucun risque identifié, on sait que c'est pertinent de s'en occuper parce que sur le long terme, ça se concrétisera et que pour qu'on puisse y faire face, il ne faut pas avoir à improviser parce que c'est complexe. L'idée, c'est de développer tout ce qu'il faut pour que les générations futures aient un plan relativement robuste pour pouvoir se protéger et éviter justement l'improvisation qui pourrait mener à des hautes conséquences. Comme je le dis toujours, les dinosaures auraient bien aimé avoir une agence spatiale. Pour l'instant, nous ne sommes pas à subir le sort des dinosaures mais comme on sait que c'est quelque chose qui se reproduit sur le long terme et ça prend du temps pour être prêt, nous développons des technologies.

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