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Un tiers des touchers vaginaux et rectaux réalisés par les étudiants en médecine le sont sans consentement

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé une mission d'inspection et un rappel à l'ordre des directeurs d'hôpitaux qui forment les futurs médecins.

Article rédigé par franceinfo
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Une salle d'opération du centre hospitalier d'Argenteuil (Val-d'Oise), le 25 juillet 2013. (Photo d'illustration) (FRED DUFOUR / AFP)

Des touchers rectaux et pelviens effectués sur des patients endormis et sans leur consentement, pour enseigner le geste aux étudiants : en février, une tribune signée par des médecins avait ouvert le débat sur ces méthodes. Mais à quel point sont-elles répandues ? Selon un rapport remis, mardi 27 octobre, à Marisol Touraine, et consulté par Slate, le consentement du patient n'est pas demandé dans un cas sur trois. La ministre de la Santé a dénoncé des pratiques "inacceptables" dans un communiqué.

Des actes répréhensibles pénalement

Selon l'étude, qui repose sur les chiffres déclarés par les doyens de facultés de médecine, le consentement préalable des patients n'est demandé que dans 67% des cas, quand ces examens sont effectués, sur des personnes sous anesthésie générale, par des étudiants dans les trois premières années du cursus général de médecine. Pour les étudiants de deuxième cycle (quatrième, cinquième et sixième année), le consentement n'est toujours pas demandé dans 20% des cas.

"L'Etat sera d'une extrême fermeté face à ces pratiques inacceptables, qui portent atteinte à l'intégrité du corps humain et aux droits fondamentaux des patients", indique la ministre dans un communiqué, rappelant que ces actes exposent leurs auteurs à des poursuites pénales.

Le rapport souligne que les pratiques divergent selon les établissements, et parfois au sein même d'un établissement : "Il n'existe pas sur ce point de schéma général." De plus, pour Slate, les chiffres du rapport doivent être pris "avec des pincettes", étant donné qu'ils se basent sur les déclarations de dirigeants d'établissement, qui pourraient vouloir taire certaines pratiques. "Les anciens ne semblent pas toujours contrôler ce qu’il se passe dans leurs facultés, voire méconnaissent eux-mêmes le droit", ajoute également le site.

Réactions hostiles

Pour approfondir cette étude, la ministre de la Santé a annoncé, mardi, une mission d'inspection dans les établissements de santé. Celle-ci va également rappeler aux directeurs d'établissements leurs obligations légales, et veut que chaque CHU soit équipé d'un centre de simulation, où l'entraînement à ces gestes n'aurait pas à se faire sur de vrais patients.

La remise en cause de ces pratiques avait déjà provoqué des réactions hostiles d'une partie du corps médical. En février, le président du Collège national des gynécologues et obstétriciens estimait que "faire signer un papier avant cet examen" relèverait de "la pudibonderie". "Personnellement, je pense que nous pouvons utiliser parfois le corps du patient pour former", expliquait de son côté le professeur d'urologie Guy Vallancien à la BBC (en anglais). "C’est normal, c’est comme cela que nous apprenons." Interrogé par Slate au sujet d'étudiants qui refusent ces examens, il les qualifie de "mal baisés".

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