: Témoignage "Je ne peux pas faire mon boulot correctement", regrette une infirmière scolaire avec 4 000 élèves à sa charge
Coline est infirmière scolaire en Île-de-France avec, à sa charge, deux collèges et dix écoles, soit plus de 4 000 élèves au total. Elle regrette qu'il soit impossible de mener à bien toutes ses tâches, le suivi de tous les enfants, avec des bilans réguliers, et les urgences. "Il y a des jours où je suis en bilan mais je suis appelée parce qu'un enfant présente des traces de coups et qu'un instituteur est complètement perdu, donc je priorise, explique Coline. Ça arrive très régulièrement et ça impacte la qualité du travail ainsi que le suivi !".
En France, il n'y a que 900 médecins et moins de 8 000 infirmiers pour 60 000 établissements scolaires, selon un rapport d'information du député Renaissance Robin Reda, qui est débattu mercredi 10 mai, dans la soirée à l'Assemblée nationale. Par exemple, dans ce département d'Île-de-France, où franceinfo a rencontré Coline, il y a seulement quatre médecins. Selon le rapport, moins de 20 % des élèves de six ans passent la visite médicale, pourtant censée être obligatoire. À 12 ans, ils sont seulement 60 % à avoir eu leur bilan infirmier.
De la scarification dès la primaire
Coline constate une évolution nette par rapport au moment où elle a commencé à travailler dans les établissements scolaires, il y a 17 ans. "C'est galopant depuis une dizaine d'années et depuis le confinement, c'est majoré. Ce sont de nouvelles problématiques qui ont émargé, qui ont avancé en âge, qu'on avait en 3e et qui sont maintenant en 6e. Tout ce qui est scarification, mal-être adolescent, je trouve que ça émerge beaucoup plus tôt qu'avant. Ça émerge en primaire ! Clairement, on n'a pas les moyens..."
"Il y a des prises en charge que je ne peux pas faire à fond, j'ai une responsabilité mais je ne peux pas faire mon boulot correctement."
Coline, infirmière scolaireà franceinfo
Il faut y ajouter la gestion de certaines maladies chroniques et les élèves en situation de handicap, de plus en plus nombreux alors que les moyens sont restés constants. Coline doit aussi former régulièrement les enseignants et les surveillants aux gestes d'urgence, comme gérer une crise d'épilépsie par exemple, ou une allergie. Elle n'a pas le temps de le faire aussi bien qu'elle le souhaiterait.
Dans ces conditions, l'infirmière scolaire craint des conséquences graves, "qu'un jour il se passe quelque chose de dramatique, un gamin épileptique par exemple, quelque chose qui ne se passe pas bien au niveau de la prise en charge. Ça pourrait m'être reproché." Selon Coline, il faudrait qu'elles soient au moins deux infirmières scolaires sur son secteur, d'autant qu'elle vient de récupérer une école en plus. Elle dénonce un manque de moyens mais aussi de reconnaissance.
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