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Syndrome du bébé secoué : les cas ont doublé pendant la pandémie de Covid-19 en région parisienne

Selon une étude de l'Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, l'incidence de syndrome du bébé secoué est restée stable en 2020 puis a doublé en 2021 et sa mortalité a été multipliée par neuf.

Article rédigé par franceinfo
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Un nouveau-né dans les bras de son père. Photo d'illustration. (VANESSA MEYER WIRCKEL / MAXPPP)

Le syndrome du bébé secoué (SBS) a vu son incidence doubler en 2021 et sa mortalité décupler en Ile-de-France, selon une étude de l'Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) en lien avec l'hôpital Necker et l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), publiée mardi 30 août dans la revue JAMA Network Open. Avec le confinement, la fermeture des écoles et des crèches, la communauté scientifique, médicale et sociale avait très tôt exprimé des inquiétudes sur un risque "d’explosion" de maltraitance envers les enfants.

Les équipes de recherche ont analysé l'évolution du SBS chez les nourrissons de la région parisienne au cours des deux premières années de la pandémie de Covid-19, la période 2020 et la période 2021, par rapport à la période pré-pandémique (2017-2019). Elles ont recensé 99 nourrissons de moins de 12 mois atteints du syndrome du bébé secoué entre janvier 2017 et décembre 2021 à l'hôpital Necker-Enfants malades, unique centre d’urgences neurochirurgicales pédiatriques de la région parisienne.

"Il y a eu une augmentation de la traumatologie de l'enfant" pendant les confinements, a expliqué mercredi sur franceinfo Thomas Blauwblomme, chef du service de neurochirurgie pédiatrique à l’hôpital Necker. Le co-auteur de l'étude, a noté que cette hausse de la mortalité était notamment due au fait que "les enfants arrivaient plus tard que d'habitude" à l'hôpital. Il souligne aussi des "crises épileptiques extrêmes qui étaient beaucoup plus fréquentes qu'habituellement".

La mortalité multipliée par neuf

Parmi ces 99 nourrissons, 87% avaient une rupture des veines ponts, 75% des hémorragies rétiniennes, 32% des fractures, 26% un état de mal épileptique, et 13% sont décédés. Par rapport à la période pré-pandémique (2017-2019), l'incidence de SBS est restée stable en 2020 puis a doublé en 2021 et sa mortalité a été multipliée par neuf. 

Pour les équipes de recherche, le fait que cette augmentation massive de SBS ne se soit pas produite pendant la première année de la pandémie où les mesures de confinement étaient maximales, mais pendant sa deuxième année, peut éventuellement s’expliquer par une accumulation de la détresse psychosociale. Thomas Blauwblomme indique que "la période d'isolement social" vécue pendant les confinements successifs a montré "qu'il y avait un retentissement psychologique sur les adultes".

Thomas Blauwblomme souligne par ailleurs que "ce n'est quasiment jamais la maman qui secoue son enfant. Souvent, c'est soit le compagnon, le papa, ou bien dans les cas de garde, la nounou quand elle est isolée". Il affirme que ce n'est "jamais en crèche".

Une plus forte sensibilisation nécessaire

Face à ce syndrome, le neurochirurgien plaide pour une plus forte sensibilisation. "Ce qu'il faut comprendre, c'est que la tête du bébé est très lourde par rapport au reste de son corps, explique Thomas Blauwblomme. Si l'on compare aux adultes, la tête de l'enfant est très développée et les muscles de la colonne vertébrale sont très hypotoniques, très faibles par rapport à nous."

Pour les personnes qui s'occupent des bébés, il conseille notamment "de ne pas secouer de son enfant, même si on est énervé, même s'il pleure. Il faut se calmer, poser son enfant et aller faire quelque chose d'autre". "Quelles que soient les circonstances, pas de geste déplacé sur un nourrisson", ajoute Thomas Blauwblomme qui plaide pour une "éducation à l'échelle nationale pour dire, ne secouez pas votre enfant".

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