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Syndrome du bébé secoué : il faut faire de la "prévention sur les pleurs" auprès des parents, explique une pédiatre

Le gouvernement a dévoilé ce lundi une vidéo choc pour lutter contre cette forme de maltraitance qui peut être mortelle ou laisser le nouveau né avec un handicap. Pour Caroline Rey-Salmon, il faut dire aux parents épuisés qu'ils peuvent laisser pleurer leur enfant.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Illustration d'une mère avec son nouveau-né. (ANNE-SOPHIE BOST / MAXPPP)

Plus d'un enfant par jour en France est diagnostiqué comme souffrant du syndrome du bébé secoué. Une forme de maltraitance qui peut être mortelle : ce geste violent entraîne des lésions cérébrales graves qui conduisent au décès dans un cas sur dix et les trois-quarts des petits survivants en garderont de lourdes séquelles – comme des déficiences intellectuelles, visuelles ou motrices, ainsi que des troubles du comportement, de la parole ou de l'attention. Alors que le gouvernement lance, lundi 17 janvier, une campagne de sensibilisation, Caroline Rey-Salmon, pédiatre légiste à l'hôpital Hôtel-Dieu à Paris, appelle, sur franceinfo, à "une prévention sur les pleurs du bébé parce que tous les enfants pleurent et que les parents ne savent pas toujours gérer des pleurs".

franceinfo : Cette campagne de sensibilisation au syndrome des bébés secoués est-elle importante, selon vous ?

Caroline Rey-Salmon : Elle est essentielle parce que malheureusement, c'est un geste très violent. Quelques secondes qui peuvent avoir un impact absolument effroyable sur un bébé puisqu'un enfant [victime du syndrome du bébé secoué] sur dix va décéder de ce geste de quelques secondes, tandis que 75% des survivants vont garder des séquelles importantes qui peuvent être motrices, sensorielles – avec des enfants qui sont aveugles – qui peuvent être des crises d'épilepsie extrêmement fréquentes mais aussi et surtout des troubles des apprentissages qui vont se révéler lors de la scolarisation de l'enfant et qui vont obérer gravement son pronostic intellectuel.

La vidéo de la campagne montre un baby phone via lequel on entend un père excédé par les pleurs de son bébé puis les pleures cessent brutalement. Est-ce nécessaire de voir un spot glaçant comme celui-ci pour sensibiliser ?

Oui parce qu'on comprend dans ce spot à la fois ce papa épuisé probablement par les pleurs de son bébé, les pleurs qu'il ne comprend pas, qu'il n'arrive pas à décoder. Je rappelle que les bébés ont très peu de moyens de s'exprimer quand ils sont extrêmement jeunes. Donc on sent cette exaspération du papa et ce geste brutal qui va mettre K.O. le bébé. C'est vrai, il va arrêter de pleurer, mais au prix de lésions neurologiques graves. Mais bien que ce soit une excellente chose que le cabinet d'Adrien Taquet se soit emparé de cette question, je voudrais surtout une prévention sur les pleurs du bébé parce que tous les enfants pleurent et que les parents ne savent pas toujours gérer des pleurs.

Il serait très utile pour les parents de savoir que quand un bébé pleure, qu'il a été changé, qu'il a été câliné, qu'il a été nourri et qu'il continue à pleurer, qu'on peut d'une manière tout à fait sécurisante, le laisser dans son lit, couché sur le dos, et fermer la porte et s'éloigner si on est excédé.

Caroline Rey-Salmon

à franceinfo

Il y a des choses qu'il faut apprendre aux jeunes parents qui ne sont pas évidentes. Tous les bébés pleurent et ce n'est pas parce que les parents ne sont pas compétents. Un bébé ne mourra jamais de pleurer.

La médecine a-t-elle progressé sur le diagnostic du syndrome du bébé secoué ces dernières années ?

On a énormément progressé au cours des dernières années sur le diagnostic de ce syndrome. Ce diagnostic est surtout fait par l'imagerie, par les radiologues-pédiatres qui vont mettre en évidence les lésions intra-crâniennes, les lésions cérébrales qui sont observées dans ce syndrome du bébé secoué. On va évidemment chercher d'autres causes aux lésions qui vont être vérifiées mais très clairement, il y a des signes qui sont extrêmement importants, comme des lésions aussi au niveau des yeux, des hémorragies au niveau de la rétine et l'arrachement des veines ponts qui signe un traumatisme violent sur le bébé.

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