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Mort d'un rugbyman à Aurillac : "Si cela se produisait sur un tatami de judo ou un ring de boxe, on crierait au scandale"

Pour Jean Chazal, neurochirurgien, le rugby est devenu "un sport de combat".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un ballon de rugby (photo d'illustration). (DENIS TRASFI / MAXPPP)

Un jeune joueur espoir du club de rugby d'Aurillac, Louis Fajfrowski, 21 ans, est mort vendredi 10 août après avoir été victime d'un malaise après un plaquage. Jean Chazal, neurochirurgien, membre de l'observatoire médical du rugby, a été l'un des premiers à tirer la sonnette d'alarme sur la dangerosité du rugby en 2010. Samedi 11 août sur franceinfo, il estime qu'"il faut une prise de conscience" car "si cela se produisait sur un tatami de judo, sur un ring de boxe, sur un tapis de lutte on crierait au scandale, on arrêterait tout et on réfléchirait".

D'après Jean Chazal, l'augmentation des accidents au rugby s'explique : 

Le rugby a changé. Cela n'est plus un sport d'évitement, c'est devenu un sport de combat, de contact direct.

Jean Chazal, neurochirurgien

à franceinfo

Les rugbymen aussi ont changé, selon lui, car "le rugby fabrique de plus en plus d'exceptions physiques et physiologiques", ce sont devenu "des hommes augmentés".

"Il faut une prise de conscience"

Et puis "au-delà de cela, il y a la force développée par les rugbymen, de plus en plus musclés. C'est probablement ce qui s'est produit [vendredi]. C'est un contact entre deux joueurs très violents, lancés à grande vitesse. L'un d'entre eux a été arrêté brutalement. Il est possible que cela ait entraîné soit une lésion intracrânienne soit une commotion cérébrale soit une lésion thoracique ou abdominale, avec la suite malheureuse que l'on connaît".

Pour Jean Chazal, "on admet les morts sur le terrain de rugby pour le moment, on dit 'ce sont des accidents de jeu ou des accidents malencontreux', mais on ne peut plus dire ça. Si ça se produisait sur un tatami de judo, sur un ring de boxe, sur un tapis de lutte on crierait au scandale, on arrêterait tout et on réfléchirait".

"Il faut une prise de conscience", affirme Jean Chazal, qui plaide pour que des "mesures préventives" soient prises. "Il faut faire une analyse de ce qu'il s'est passé, et de tous les accidents de jeu qui ont entraîné un carton jaune, rouge, une suspension, une exclusion". Il demande qu'une "commission indépendante" soit créée pour "prendre les mesures adéquates".

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