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Quand les chirurgiens délaissent les hôpitaux publics pour le secteur privé

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Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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Le phénomène n'est pas nouveau et il s'accélère au fil des années. En 2013, quinze chirurgiens de l'Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) sont partis travailler dans le privé. En 2014, 19 praticiens ont quitté leurs postes et en 2015, le chiffre monte à 23. Ces départs commencent à inquiéter la direction de l'Assistance publique. L'instance a commandé un rapport pour mieux cerner le malaise au sein de certains blocs opératoires.

Un travail d’équipe bien huilé, du matériel opératoire plus innovant, une légère augmentation de salaire : c’est ce qu’est venu chercher le Dr Philippe Sebe, chirurgien urologue, au groupe hospitalier les Diaconnesses Croix Saint-Simon, un établissement privé. Il y a trois ans, ce chirurgien a claqué la porte d’un prestigieux hôpital public. Il ne supportait plus sa désorganisation. "Ça va du patient qui ne va pas être bien préparé, à l’examen qui manque et qui donc provoque des retards à l’ascenseur de bloc qui ne fonctionne pas. Vous pouvez avoir le plus beau bloc du monde, si l’ascenseur qui amène le patient de l’étage au bloc ne fonctionne pas, ça va prendre du retard. Et donc, chaque jour, vous avez dans cette chaîne un maillon qui manque par faute de compétences, par absence non remplacée…".

Une désorganisation récurrente à l’hôpital public

Malgré ses 25 années d’expérience dans le secteur public, le Dr Philippe Sebe perd sa sérénité. "Vous allez au bloc opératoire la boule au ventre en vous disant qu’est ce qui ne va pas fonctionner aujourd’hui ? Si vous avez programmé quatre patients et, qu’à cause des dysfonctionnements, vous n’en avez opéré que trois, et bien je peux vous dire que le dernier, qui est resté à jeûn toute la journée, ne va pas être très content quand on lui dit à 4 heures de l’après-midi qu’on ne va pas l’opérer car le bloc n’est plus disponible, le personnel est parti… Et, à chaque fois, vous allez raconter des histoires aux patients, il y a une urgence… Vous mentez aux patients. Vous le convoquez pour reprogrammer son opération. Et ça, c’est quasiment le quotidien".      

Comme le Dr Philippe Sebe, plusieurs chirurgiens ont quitté l’AP-HP ces derniers mois. Mais la direction refuse de donner trop d’importance à ce phénomène. Pour Christine Welty, directrice de l’organisation médicale à l’AP-HP, "il ne faut pas sur jouer les départs des uns et des autres. Il s'agissait de départs tonitruants, qui ont fait du bruit parce que les personnes qui sont parties étaient des figures reconnues de la chirurgie à l’AP-HP. Mais, il n’y en a pas tant que cela. Sur 5 ans, on a +5% de chirurgiens. Les départs sont compensés. Et non seulement, ils sont compensés mais on en recrute aussi davantage".

Martin Hirsh demande un rapport

Le malaise au bloc est pourtant palpable au point de remonter aux oreilles des hautes instances. En septembre dernier, Martin Hirsh, le directeur général des hôpitaux de Paris, s’inquiète de ces départs dans un courrier adressé au Pr Laurent Hannoun, chirurgien digestif à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.  Il écrit : "Les difficultés actuelles (…) semblent signer une diminution de l’attractivité de nos structures pour les chirurgiens et sont alarmantes. Elles m’incitent à vouloir y remédier rapidement". Martin Hirsch confie donc au chirurgien une mission d’analyse.

Moderniser les blocs opératoires, développer la recherche

Après trois mois d’enquête, le Pr Laurent Hannoun fait 10 propositions pour améliorer la situation. Selon lui, il faut notamment rendre l’offre de soins plus lisible, moderniser les blocs opératoires et favoriser la recherche, un domaine très prisé par les chirurgiens. Le Pr Laurent Hannoun explique : "nous avons des progrès à faire pour maintenir cette excellence et encore l’augmenter. Donc, c’est extrêmement positif pour un sujet comme la chirurgie que l’AP-HP a choisi comme étant une de ses thématiques fortes. Le directeur général et son équipe ont souhaité à travers ce rapport encore de conforter cette impression de référence internationale". Pour maintenir cette excellence, l’hôpital public va devoir motiver ses troupes et lui faire accepter une nouvelle réorganisation de l’offre de soins.   

Une précision : le Dr Philippe Sebe a repris une activité en tant que vacataire dans un hôpital public. Faute de poste d'urologue, il s’est vu proposer une consultation une matinée par semaine.

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