Taxe "lapin" : Doctolib défavorable à contraindre les patients à enregistrer leurs coordonnées bancaires en prenant leur rendez-vous en ligne
Doctolib se dit défavorable à ce que les patients enregistrent leurs coordonnées bancaires lorsqu'ils prennent leur rendez-vous en ligne pour payer la taxe "lapin" en cas d'absence, rapporte mercredi 10 avril France Inter. Samedi dernier, Gabriel Attal avait indiqué vouloir faire payer une taxe de 5 euros en cas de rendez-vous médical non honoré sans prévenir au moins 24 heures à l’avance.
Ces "lapins" médicaux représentent entre 6 et 10% des rendez-vous, selon les différentes estimations. L'idée, a précisé le ministre délégué à la Santé Frédéric Valletoux, serait de demander aux patients de renseigner leurs coordonnées bancaires lorsqu'ils bloquent leur créneau médical sur des plateformes en ligne. En cas d'absence, le médecin pourrait alors retenir la somme de 5 euros. Et cette somme prélevée irait entièrement au praticien concerné, selon les annonces du Premier ministre. Le ministère de la Santé précise mercredi vouloir "responsabiliser les patients par cette mesure" et ainsi "éviter de perdre du temps médical particulièrement précieux".
"Un fardeau administratif"
Doctolib assure être d'accord avec la taxe "lapin" mais pour le co-fondateur et PDG de la plateforme, Stanislas Niox-Château, "il ne faut pas créer un fardeau administratif nouveau pour les soignants et entraver l’accès aux soins". Il précise que "20% des patients sont en situation d’illectronisme et 5% n’ont pas de carte bancaire. C’est impensable, selon lui, d’entraver l’accès aux soins pour eux". De plus, comment vont faire les médecins qui ne sont pas sur les plateformes "pour gérer la majorité des rendez-vous qui ne sont pas pris en ligne ? Comment vont faire les praticiens pour gérer les plaintes des patients et leurs contestations ?, questionne Stanislas Niox-Chateau. C’est inimaginable d’envisager que les secrétariats vont enregistrer des cartes bancaires".
Pour le PDG de Doctolib, les médecins doivent garder la main sur cette taxe "lapin" pour savoir quel patient sanctionner. Il pense aussi que c’est à l’assurance maladie de gérer cette taxe, en prélevant par exemple les 5 euros sur le rendez-vous suivant du patient. À noter que la somme prélevée irait entièrement au praticien concerné, selon les annonces du Premier ministre.
Le ministère de la Santé soutient que "Doctolib a bien été concerté" sur cette mesure envisagée, dans le cadre d'échanges avec "tous les adhérents de la FEIMA" (fédération des éditeurs d'informatique médicale et paramédicale ambulatoire) sur les "possibilités techniques existantes". Il assure en outre que la plateforme s'est montrée "volontaire et partant[e] pour y travailler" avec des "propositions [qui] allaient dans le sens des annonces du gouvernement, notamment sur la possibilité de passer par une empreinte bancaire". Le ministère précise que ce dispositif ne sera pas automatique, mais qu'un "liberté totale sera donnée aux praticiens médicaux de l'appliquer ou pas".
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